RESUME : Ali avoue à la bohème qu'il n'a que des filles et qu'il a été répudié par ses femmes. Il espère toujours avoir un garçon. Entre-temps Houria revient. Elle se retourne vers l'homme assis par terre et lui lance : - Vas-y Ali, les femmes ont terminé de se laver pour aujourd'hui, j'ai nettoyé le hammam de fond en comble, dans une demi-heure, tu pourras ouvrir pour les hommes, il se fait déjà tard. L'homme se lève et se dirige vers la sortie, puis se retourne et revient sur ses pas. - Ce soir je vais préparer des grillades avec du thé comme au Sud. La bohème sourit. - Hum… j'en ai déjà l'eau à la bouche. Ali s'en va et Houria se laisse tomber par terre tel un paquet. - Quelle journée, Mon Dieu ! Je ne sens plus mon corps. Et toi non plus à ce que je vois. La bohème remue un peu sur son matelas. - Moi, cela fait des mois que ça dure. - Et le petit salaud qui t'a fait ça, où est-il ? Parti ? Envolé ? - Comment le sais-tu ? demande la bohème en baissant les yeux. - Eh bien, ma chère, je ne suis pas née de la dernière pluie. J'étais danseuse dans un cabaret autrefois et j'ai eu cinq enfants illégitimes et de pères différents. La bohème n'en croyait pas ses oreilles. Cette femme qui balance ces choses comme ça ! - Quoi, ça t'étonne, ma poule ? Eh oui, moi, je le dis sans rougir. Je reconnais que j'ai commis des péchés toute ma vie, mais, je n'ai trompé personne. Personne…reprend-elle après un moment. Sauf moi-même peut-être. Par contre, je connais ces femmes dites respectueuses qui viennent me demander de les aider à avorter d'un rejeton qu'elles ont fabriqué hors du domicile conjugal. Parfois même sous le propre toit de leur mari. Ah ! Ah ! J'aimerai que tu vois leur tête à celles-là. Elles sont prêtes à me laisser tous leurs bijoux, leurs biens, pour que le scandale n'éclate pas. - Que leur fais-tu ? questionne la bohème, curieuse. - Ce que je leur fais ? Eh bien, quand ce n'est pas trop tard, je les aide à avorter. Sinon je me débrouille pour les éloigner de la ville et tout rentre dans l'ordre à leur retour. - Et les enfants ? - Quoi, les enfants ? Il y a toujours quelqu'un qui en veut, ne t'en fais pas donc pour cela, si tu veux, une fois ton bébé arrivé, je m'en occuperais. - Non ! Non ! s'écrie la bohème, mon bébé je veux le garder, je veux le garder… - Très bien, tu es libre ma fille. En tous les cas les miens doivent être bien vieux maintenant, et même responsables de famille… - Tu les a tous abandonnés ? - Tous ! - Quel courage ! Y. H. (À suivre)