Le cas urgent des 17 enfants souffrant du cancer de l'œil, (le rétinoblastome), en attente d'être transférés à l'étranger depuis début 2011, attire enfin ! l'attention des pouvoirs publics. Pour tenter de régler ce problème, une réunion a été en effet tenue, jeudi dernier, au siège du ministère du Travail avec la participation des responsables de la Cnas, des représentants du ministère de la Santé et des médecins spécialistes. Cette rencontre a été initiée par le Pr Zitouni, désigné récemment par le président de la République pour gérer le plan national cancer. Selon une source bien informée, les responsables de la Cnas auraient reçu une instruction venant d'“en haut" pour la prise en charge de ces cas, en attendant l'engagement d'“un projet national" visant le développement des traitements et la mise à la disposition des staffs médicaux des moyens adéquats pour permettre une meilleure prise en charge de cette pathologie chez nous. Toutefois, précise notre source, aucune décision concrète n'a été prise à l'occasion de cette première réunion. Les responsables de la Cnas se seraient suffi, encore une fois, d'une promesse d'étudier “une offre d'un centre étranger". Notre source déplore que les promesses et “la langue de bois" aient pris le dessus sur les propositions concrètes, lors des débats. Néanmoins, une deuxième réunion entre toutes les parties concernées est prévue pour le 20 janvier. Les transferts à l'étranger de cette frange de malades (les enfants atteints du cancer de la rétine), rappelons-le, ont été suspendus par la Cnas depuis début 2011, pour cause de ses impayés qu'elle devait à un centre spécialisé suisse où étaient envoyés les patients entre 2009 et 2011. Déjà en 2009, la Cnas avait décidé d'abroger sa convention avec l'Institut Curie de Paris, à cause du même motif de non-paiement de ses dettes. Les créances de cet institut étaient de l'ordre de 800 000 euros que la Cnas a fini par payer au courant de la même année 2009. Toutefois, les responsables de la Cnas avaient décidé de ne plus envoyer de patients dans cet institut. Une décision que les responsables de l'Institut Curie n'arrivent pas à expliquer aujourd'hui. “Franchement, je me demande toujours pourquoi les responsables de la Cnas ont pris cette décision qui pénalise des enfants algériens, alors que, à notre niveau, nous nous sommes constamment montrés très sensibles à la prise en charge de ces patients. Après tout, le problème d'argent ne devrait pas constituer un différend qui pénalise les malades", explique le Dr Marc Esteve, directeur médical de l'Institut Curie, rencontré le 22 décembre dernier à Alger où il était en visite pour reprendre le contact avec la Cnas et — pourquoi pas ? — trouver un terrain d'entente pour la signature d'une nouvelle convention. Le Dr Esteve n'a pas manqué de mettre en avant la disponibilité de son institut à assurer la formation des médecins algériens et le transfert du savoir-faire français dans le cadre d'un partenariat “gagnant-gagnant". Il a rappelé que le transfert d'un patient algérien à Paris coûterait à la Cnas quelque “100 000 euros pour un traitement complet d'une période moyenne de 6 mois". Le directeur médical de l'Institut Curie souligne que le rétinoblastome est un cancer qu'“on guérit, dans la grande majorité des cas, à 100%". Aujourd'hui, les spécialistes reconnaissent l'existence de seulement trois centres de référence au monde, dont l'Institut Curie de Paris. Les deux autres centres spécialisés dans le traitement du rétinoblastome se trouvent respectivement aux USA et en Angleterre. Mais pourquoi alors, les responsables de la Cnas ont jeté leur dévolu sur la Suisse puis sur... plus rien ! F A