“Le Schpm, qui est sous tutelle ministérielle, n'a de raison de vivre que parce que nous maintenons l'élevage des pur-sang, et que nous participons dans les courses hippiques dans notre pays." Les propriétaires des chevaux de race pure et les éleveurs équins de l'hippodrome Antar-Ibn-Cheddad à Es-Sénia (Oran) font les gorges chaudes de leur situation. “Nous sommes ballotés au gré de la Schpm (Société des courses hippiques et du pari mutuel) qui nous ignore et la mairie d'Oran qui nous réclame un loyer que nous versons mensuellement à la société des courses Schpm à Alger", affirment les représentants des éleveurs équins. C'est par une simple mais lapidaire note de service émanant de la division des sports de la commune d'Oran que les éleveurs ont été “sommés de vider les lieux". “Il est porté à la connaissance du chef d'unité du centre équestre Antar-Ibn-Cheddad que l'accès pour le déroulement des courses hippiques est formellement interdit." Ainsi décide-t-on sans coup férir de mettre à la rue plus de 70 pères de famille qui tirent l'essentiel de leur gagne-pain de l'élevage équin. “Nous avons toujours versé notre loyer et les factures d'eau à la Schpm à Alger qui revenaient à la mairie d'Oran", ajoute-t-on. Cette situation de paiement est régulièrement effectuée par les éleveurs équins au profit de la Schpm depuis 1984. “Nous mettons en cause la société des courses qui n'a pas honoré ses engagements vis-à-vis de la commune d'Oran, propriétaire de l'hippodrome Antar-Ibn-Cheddad", précisent nos interlocuteurs. Les 7 éleveurs équins tout comme les 13 propriétaires des chevaux de course de race pure ont interpellé le ministre de l'Agriculture au sujet des risques de cette situation dont les responsables ne semblent pas saisir la portée. “La Schpm qui est sous tutelle ministérielle n'a de raison de vivre que parce que nous maintenons l'élevage des pur-sang (et) que nous participons aux courses hippiques dans notre pays." Et d'ajouter : “Les paris sportifs engrangent des milliards chaque année, un argent considérable qui devrait être utilisé dans la maintenance des hippodromes, la formation des entraîneurs et des jockeys." Le décor est à présent planté et les déclarations pleuvent, abrasives. “Nous sommes en mesure aujourd'hui de demander une commission d'audit pour savoir comment l'argent est géré, vu l'état désastreux des hippodromes", assure-t-on. Plusieurs rencontres entre les éleveurs équins et la division des sports de l'APC d'Oran ont été organisées dans le but de favoriser une “sortie de crise". À commencer par les explications fournies sur l'élevage des chevaux de race pure qui sont destinés aux courses hippiques. “Les chevaux de race pure n'ont rien à voir avec leurs congénères de la fantasia ou le saut d'obstacles, mais notre activité est régie par des codes que l'on retrouve dans tous les hippodromes du monde." Voici qui balaie d'une main les “injonctions" de la Schpm, qui “invite" les propriétaires des chevaux et les éleveurs équins à venir à Alger. “A-t-on idée de demander à des dizaines de pères de famille de se déplacer à Alger avec femmes, enfants et chevaux, d'abandonner l'hippodrome, de mettre au chômage forcé les éleveurs, les entraîneurs, les palefreniers, les soigneurs et les jockeys dont les revenus sont essentiellement engrangés uniquement par les courses hippiques ?", s'indignent nos interlocuteurs. Dans un sursaut d'amour-propre, les éleveurs équins ont laissé entrouverte la porte de sortie pour les uns et les autres. “Nous avons proposé une collaboration étroite entre l'APC d'Oran et les éleveurs équins à l'effet de créer notre propre association d'éleveurs de chevaux de race pure à Oran, afin de pérenniser l'activité hippique dans l'hippodrome Antar-Ibn-Cheddad, comme cela a été le cas depuis les années 1950", affirme-t-on. Prosaïques, les éleveurs équins ont insisté à dire : “Nous défendons nos intérêts et non les intérêts de la société des courses, et nous sommes complètement étrangers à leurs litiges." Pour notre part, nos tentatives de joindre les responsables concernés se sont avérées vaines. K. R I