Le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) a jugé, hier, le retour de l'inflation “très préoccupant". Invité du Forum du journal Liberté, Réda Hamiani estime que “cette inflation représente une menace pour notre économie" sur plusieurs plans. C'est d'abord un impôt qui frappe les pauvres. C'est une épargne qui est confisquée. Elle alimente également la contestation sociale. “La grosse préoccupation, c'est le retour de l'inflation", a insisté le président du FCE, relevant la maîtrise de ce phénomène, depuis une dizaine d'année. Mais, l'inflation est devenue structurelle et s'est accélérée durant les deux dernières années. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a parlé de “choc d'inflation", depuis environ une douzaine d'années, c'est la première fois qu'elle a atteint le chiffre de 8,32% (à octobre dernier), en moyenne annuelle. “Dans certains secteurs, le taux d'inflation a atteint 12%", a indiqué M. Hamiani encore que le président du FCE “n'est pas certain que l'échantillon qui sert de base de calcul de l'inflation intègre une série de produits qui a connu des hausses des prix beaucoup plus fortes". Selon lui, dans l'indice servant de base de calcul de l'inflation, il y aurait 30% de pondération, de valeur, représentant les produits soutenus. “Nous n'avons pas une idée exacte, mais quand nous intégrons d'autres paramètres nous avons une inflation extrêmement importante", a affirmé M. Hamiani. Parmi les causes de l'inflation, le président du Forum des chefs d'entreprise évoque les hausses de salaires consenties depuis 2011, sans lien avec la productivité ainsi que les subventions accordées. Pour acheter la paix sociale, l'Etat algérien s'est montré extrêmement généreux. L'écart important entre la distribution des revenus et la production, alimente l'inflation. Ce qui explique la corrélation entre la hausse des salaires et l'augmentation des importations. “Entre 2000 et 2012, les importations ont augmenté de 400%", révèle M. Hamiani pour qui la Banque d'Algérie a fait son travail, avec les outils dont elle dispose pour contrer l'inflation, notamment par le biais des reprises de liquidités. Après examen des principales tendances monétaires du 1er trimestre 2012 et des risques d'inflation, la Banque d'Algérie a pris (avril 2012) deux mesures de politique monétaire visant à résorber l'excès de liquidité sur le marché monétaire et à atténuer son effet inflationniste. Ainsi, le taux des réserves obligatoires a été porté à 11% à compter de la mi-mai, soit deux points de pourcentage d'augmentation, pendant que le niveau de la reprise de liquidité s'est accru de 250 milliards de dinars dès avril pour atteindre un encours de 1 350 milliards de dinars. En outre, l'excès de liquidité s'est amenuisé au 2e trimestre 2012 corrélativement à la forte contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures. Par ces mesures, la Banque d'Algérie a conforté le rôle des instruments de politique monétaire dans l'absorption de l'excès de liquidités sur le marché monétaire et par là dans l'atténuation des tensions inflationnistes. En outre, elle a renforcé davantage la prévision à court terme du taux d'inflation pour assurer le suivi de l'objectif d'inflation en 2012, d'autant que le 1er semestre a été marqué par une accélération du taux d'inflation. Mais la politique monétaire, conduite par la Banque d'Algérie, n'était pas suffisante, à elle seule pour contrer l'inflation. “Le phénomène d'inflation au cours du 1er semestre de l'année 2012 est plus de nature endogène, lié aux dysfonctionnements persistants des marchés intérieurs de ces biens où la formation des prix relève plus de position dominante et/ou de spéculation. Une revue approfondie de la formation des prix aux différents stades des transactions commerciales devient nécessaire pour asseoir des règles transparentes en la matière", a indiqué la Banque d'Algérie, dans son rapport sur les tendances monétaires et financières du 1er semestre 2012. En d'autres termes, la Banque d'Algérie renvoie au marché, à la spéculation et à l'inorganisation des marchés de gros, le phénomène d'inflation. C'est d'autant plus préoccupant que cette partie grise de l'économie échappe, relativement au contrôle. En effet, pour M. Hamiani, l'importance du marché informel et le différentiel de 40 points, entre la parité du dinar sur le marché parallèle et la partie bancaire, favorise l'inflation. Pour autant, pense M. Hamiani, l'inflation en Algérie devrait baisser en 2013 après le “choc" enregistré l'année passée, pour se situer autour de 4 à 5%. Une prévision “corroborée par les organismes internationaux", a indiqué le président du Forum des chefs d'entreprise, soulignant que “fondamentalement l'objectif essentiel, est de construire, dans les 15 à 20 prochaines années, une économie hors hydrocarbures productive" et cette économie se construit maintenant. M R