Une revue approfondie de la formation des prix aux différents stades des transactions commerciales devient nécessaire pour faire baisser et stabiliser l'inflation. Telle est la recommandation du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, qui intervenait, hier, lors de la présentation du bulletin sur «les tendances monétaires et financières» au premier semestre 2012. L'analyse faite par la Banque d'Algérie démontre que le phénomène de l'inflation, au cours du premier semestre de l'année 2012, est plus de nature endogène. «L'inflation est liée aux dysfonctionnements persistants des marchés intérieurs des biens alimentaires, où la formation des prix relève plus de position dominante et de spéculation». Le gouverneur de la banque d'Algérie a reconnu que l'inflation a atteint un seuil record au premier semestre de cette année (7,29% à juin). Ce rythme haussier du premier semestre 2011, avec un taux de 3,5% et 3,9% vers un taux record de 7,29% à partir de janvier 2012, s'explique par le choc sur les prix intérieurs de certains produits de base. Le gouverneur de la Banque d'Algérie souligne que ce sont les produits agricoles frais et les biens manufacturés qui ont contribué le plus, à hauteur de 71,14%, à l'inflation. Selon Mohamed Laksasi, ce n'est pas l'inflation importée qui est à l'origine de cette tendance haussière, étant donné que le taux de change en terme effectif nominal, au cours de ce semestre, s'est apprécié, dans un contexte de relative stabilité des prix internationaux des produits alimentaires. En outre, les anticipations inflationnistes alimentées par l'augmentation substantielle des revenus provenant de la sphère budgétaire en sont aussi responsables. La preuve, une forte expansion des dépôts au Trésor et aux CCP enregistrée (une hausse de 24,8% au premier semestre 2012). Cette expansion a contribué au phénomène persistant de l'inflation. Mais le choc des prix intérieurs, du début de l'année en 2011, reste la principale cause derrière ce phénomène d'inflation, précise le gouverneur de la Banque d'Algérie. Il est vrai que la BA avait pris des mesures de politique monétaire pour contenir cette inflation. Elle a adopté deux principales mesures pour résorber l'excès de liquidités sur le marché monétaire et atténuer son effet inflationniste. La première mesure visait à porter le taux de réserves obligatoires à 11% à compter de mi-mai, soit deux points de pourcentage d'augmentation. Alors que la liquidité s'est accrue de 250 milliards de dinars en avril pour atteindre un encours de 1.350 milliards de dinars. Le gouverneur de la Banque d'Algérie précise que sa structure a pris des mesures qui relèvent de ses prérogatives conformément à la loi, «mais il est prépondérant d'étudier, aujourd'hui, la formation des prix dans son aspect macro-économique», souligne-t-il. Mohamed Laksaci persiste à dire que la hausse de l'inflation au 1er semestre 2012 a été le fait d'une terrible spéculation sur les prix des produits de base et non pas le résultat de la hausse des prix des produits importés ou le résultat d'appréciation des taux de change. Sur un autre volet, le gouverneur de la BA a affirmé dans son exposé que les crédits à l'économie se sont accrus de 7,76% au premier semestre 2012, contre 5,65% à la même période de l'année précédente. Il a souligné que les crédits bancaires au secteur privé atteignent 2.121 milliards de dinars, excédant l'encours des crédits du secteur public, qui est de l'ordre de 1.893 milliards de dinars. Certes, ce dynamisme des crédits bancaires à l'économie traduit une certaine amélioration de la structure et des conditions de financement. Mais, selon Laksaci, les taux de crédits bancaires du secteur privé demeurent encore faibles comparativement aux pays voisins.