Emilie Sabeau-Jouannet a remis 350 ouvrages, 32 articles, 33 périodiques et 150 photos à l'Algérie. Cette collecte représente une précieuse étude sur la vie socioculturelle dans les Aurès pendant les années 1930. La nièce de l'ethnologue Germaine Tillion a fait don d'une partie de la bibliothèque de sa tante au Centre national de la recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH). Ce cadeau si “noble", de la part d'Emilie Sabeau-Jouannet, entre dans le cadre de la célébration du cinquantième anniversaire de l'Indépendance. La remise de ce “trésor" s'est tenue mardi dernier, au palais de la culture Moufdi-Zakaria, en présence de Khalida Toumi, ministre de la Culture et le CNRPAH. “Nous avons organisé cette cérémonie pour rendre hommage et signifier notre reconnaissance à Emilie", a fait savoir Slimane Hachi, directeur du CNRPAH. Pour sa part, Khalida Toumi a indiqué que “ce don est très important dans le domaine de la recherche et de l'histoire. C'est un trésor sur les Aurès". Et d'ajouter : “Je souhaite que tous les chercheurs étrangers, ayant travaillé sur l'Algérie, fassent des dons au CNRPAH". Ce lot d'ouvrages offert à l'Algérie représente “trois cent cinquante ouvrages, trente-deux articles, trente-trois périodiques et cent-cinquante photos, prises par Germaine Tillion en 1935, dans les Aurès", a indiqué Slimane Hachi. Et d'annoncer : “Les cent-cinquante photographies seront publiées dans un livre et elles seront accompagnées de textes écrits par les chercheurs du centre." Cette collecte remise au CNRAPH représente tous les travaux réalisés par Germaine Tillion, sur les Aurès durant les années 1930. “Elle a vécu des moments déterminants pendant la colonisation française. Ce lot est précieux : c'est l'étude de la vie socioculturelle dans cette région du pays", a estimé la ministre. Dans une brève allocution, Khalida Toumi est revenue sur le parcours de cette “grande" dame qui a sacrifié sa vie dans la lutte contre la violence coloniale. Fière et émue d'avoir remis ces ouvrages à l'Algérie, Emilie Sabeau-Jouannet a indiqué que “l'Algérie était au cœur de la vie de Germaine Tillion. D'ailleurs, elle a participé à tous les combats du 20e siècle". Cette recherche effectuée dans les Aurès, auprès de cinq cents personnes, a permis à l'ethnologue de réaliser l'un de ses objectifs : “comprendre l'humanisme", a-t-elle souligné. La résistante et ethnologue française Germaine Tillion est restée pendant quatorze ans dans les Aurès pour effectuer des recherches et des études sur la société berbère. Elle a été nommée chef d'un mouvement de résistance contre l'occupation allemande de 1941 à 1942. Par la suite, elle mènera plusieurs recherches sur le bassin méditerranéen et participe à la création de cent vingt centres sociaux (établissement socioéducatif pour les enfants algériens) en Algérie. Après la guerre de Libération, elle poursuit ses combats contre la précarité et la torture en Algérie. Elle a aussi sauvé plus de deux-cent soixante prisonniers algériens de la guillotine. Très active, elle est l'initiatrice de l'association Algérie-France, France-Algérie qui avait pour but de “combattre le système colonial". Présent à cette cérémonie, l'avocat et ami de Germaine Tillion, Jean-Pierre Guenon, a fait part de son admiration pour cette femme en témoignant : “Je me souviens de son engagement et de son besoin d'agir contre le mouvement colonialiste. Elle était un modèle, un exemple et un recours. Un recours, car elle venait en aide à tout le monde." Concernant ce lot de documentation dont dispose dorénavant le CNRAPH, Slimane Hachi a signalé que “ces ouvrages seront destinés à tous les chercheurs algériens". H M