“Ils nous ont trahis." Ce sont les dernières paroles prononcées par Abdelhak Benhamouda le 28 janvier 1997, jour de Ramadhan, quand son assassin venait de vider sur lui le chargeur de sa kalachnikov. Il rendra l'âme sur l'esplanade de la Maison du peuple, devant le siège de la Centrale syndicale non sans avoir sorti son arme pour riposter. Il blessera l'un des cinq terroristes qui ont pris la fuite juste après l'acte ignoble. Au même endroit où une stèle commémorative est érigée, l'UGTA a rendu un hommage hier à celui qu'on nomme “le martyr de la République", comme a tenu à le rappeler, lors du discours de bienvenue, l'autre syndicaliste, Salah Djenouhat. Représentant le gouvernement, Tayeb Louh et Amara Benyounès, respectivement ministres du Travail et de la Sécurité sociale et de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, étaient présents à la cérémonie présidée par Abdelmadjid Sidi-Saïd, SG de la Centrale syndicale. Après la lecture de la Fatiha, la délégation, qui comprenait également un nombre important de syndicalistes, a visité la foire dédiée à la production nationale, organisée à l'intérieur même du siège de l'UGTA. Huile d'olive, miel, figues sèches, dattes et confiseries sont exposés par différentes régions d'Algérie. Par cette initiative, l'UGTA a rendu un autre hommage à Abdelhak Benhamouda, lui qui fut sans conteste l'un des plus fervents militants de cette institution en lui donnant un second souffle, alors que certains voulaient la mettre au rancart. Malheureusement, des assassins commandités ont mis fin à cette fougue et surtout à ce rêve que nourrissait Benhamouda, grand défenseur des libertés. Comme on a cassé son autre projet de créer, à l'époque de Zeroual, un parti politique, avec pour objectif de véhiculer les valeurs démocrates-républicaines. N'est-ce pas lui qui a volé au secours de la République lorsque celle-ci allait voler en éclats, quand le FIS, sous la houlette d'Abassi Madani, s'empara de la majorité des sièges du Parlement lors des élections truquées de 1991 ? La Centrale syndicale avait, en effet, épousé les thèses du Comité national de sauvegarde de l'Algérie (CNSA) alors que le pays entamait sa descente aux enfers. Il n'arrêtait pas de contester la politique économique menée à l'époque par le pouvoir, notamment la fermeture des usines et les licenciements des travailleurs. Cette attitude courage lui valut sa condamnation, il le savait déjà, par la horde sauvage de l'époque. Sa disparition a permis, en tout cas, à ceux qui étaient pour le bradage des unités économiques de faire passer toutes les lois dans ce sens. Sa mort reste l'une des énigmes de la décennie noire. La lucidité des derniers mots du syndicaliste alors qu'il agonisait est assez éloquente. A F