C'est le retour à la case départ au moment où les vainqueurs de la bataille pensent avoir fini avec l'ère Belkhadem. Le psychodrame peut continuer, Belkhadem s'accrochant à son siège et ne voulant pas lâcher prise malgré le verdict des urnes en sa défaveur qu'il avait accepté la veille. Jeudi, minuit. Le mois de janvier s'achève. S'achève avec lui le règne de Belkhadem sur le FLN. Le secrétaire général du FLN, qui fait face à une fronde depuis trois ans, vient à cette heure d'encaisser sa seconde défaite “politique" face à ses adversaires. Après avoir perdu la bataille électorale, les redresseurs ayant emporté le vote pour le retrait de confiance, restait la suite, à savoir la constitution d'un bureau pour élire un autre secrétaire général du parti. Les trois huissiers présents “ont validé" le résultat et constaté la vacance du siège du secrétaire général. Une rude bataille est engagée, à la reprise des travaux de la session, à laquelle est revenu Belkhadem qui a vite quitté la salle après l'annonce des résultats du vote. Alors qu'il tenait à ce que le SG soit élu, les autres, sortis vainqueurs, insistaient sur la mise en place d'une commission de la session, levée, mais restée ouverte jusqu'à la reprise et le vote d'un nouveau patron. Les négociations auront duré jusqu'à minuit. Au final, les opposants ont réussi à imposer leur option. La session reste donc ouverte et les travaux reprendront dans quelques jours. Pour les opposants, Belkhadem aurait pu revenir à l'issue du nouveau vote, surtout qu'il n'a été débarqué qu'avec 4 petites voix. 160 contre 156. Dans ce jeu serré qui a commencé dès la matinée, Belkhadem a été contraint à faire plusieurs concessions. Les travaux, sous très haute surveillance, n'ont pu commencer qu'à la mi-journée, après le changement de l'ordre du jour, réduit au vote de confiance. Après l'opération, Belkhadem reconnaît son échec qui est “une victoire pour lui, pour le parti qui consacre ainsi la démocratie et souhaite que son successeur fasse mieux que lui". “Je pars la tête haute", a-t-il dit. Mais Belkhadem, contre toute attente, remet en cause tout, le lendemain, vendredi, et repart en guerre. Alors que la session est suspendue, Belkhadem est revenu, avec ses partisans, à l'hôtel Riadh de Sidi-Fredj où a eu lieu le vote, pour reprendre les travaux de la session. Il opère ainsi, contre toute morale et contre toute éthique, un coup de force en voulant se faire élire par ses seuls partisans qui sont, selon des redresseurs, une centaine de membres du comité central. Pour Belkhadem, il s'agit de poursuivre les travaux de la session et d'élire son successeur. Il veut bien évidemment être candidat. Les autres maintiennent que la session est suspendue et la commission paritaire a été désignée. C'est à elle de décider de la date de la reprise des travaux pour cette élection. C'est le retour à la case départ au moment où les vainqueurs de la bataille pensent avoir fini avec l'ère Belkhadem. Le psychodrame peut continuer, Belkhadem s'accrochant à son siège et ne voulant pas lâcher prise malgré le verdict des urnes en sa défaveur qu'il avait accepté la veille. “C'est illégal ce qu'il est en train de faire", a déclaré un membre du CC opposant au SG. “Il continue à s'entêter et à considérer le FLN comme sa propriété privée", ajoute un autre membre du CC. L'après-midi d'hier, Belkhadem a repris les travaux avec ses partisans, la plupart des opposants ont déjà quitté le lieu, alors que d'autres étaient repartis dans leur wilaya. Cela n'a, cependant, pas empêché Belkhadem de poursuivre son “œuvre". Il voulait, a indiqué le député Abdelkader Cherar, membre du CC et farouche opposant à Belkhadem, mettre en place un nouveau bureau, récolter les candidatures pour sa succession alors qu'il n'est officiellement plus le SG. Cette initiative, accuse le député de Blida, vient d'Abdelkader Hadjar qui lui a inspiré l'idée d'installer un bureau composé de six personnes de chacun des deux camps et de lancer l'opération pour sa succession. Il accuse, également, le maître d'œuvre du coup d'Etat scientifique contre le défunt Mehri de “jouer le régionalisme et de faire perdurer la crise". D'autres redresseurs accusent Belkhadem, qu'ils ne considèrent d'ailleurs plus comme responsable du parti, d'avoir fait appel même aux nouveaux députés qui n'ont pas le droit de siéger au CC afin de faire passer “son rêve" qu'il est encore SG. Ils considèrent, également, que ce qu'il a fait vendredi est “illégal et un non-événement". Ils accablent, cependant, Abdelkader Hadjar qui s'est mêlé de cette affaire alors qu'il a assisté au vote qui a déchu Belkhadem. L'ambassadeur d'Algérie en Tunisie aurait, selon eux, suggéré à Belkhadem de consulter les anciens, les plus respectés du parti, avant de procéder à l'installation du bureau constitué de douze personnes. Mais ces derniers ont refusé et lui auraient conseillé de ne plus se mêler de “prendre en charge l'affaire". Pour eux, le bureau a levé la session après la validation des résultats du vote par les huissiers. Dans la soirée, un bureau a été constitué et devait entamer les consultations avec les membres du comité central afin de fixer la date de la session levée mais qui reste, pour la circonstance, ouverte. Abdelkader Cherar rappelle avoir écrit dans une contribution que Belkadem “veut instituer une crise permanente". Ce qu'il est en train de faire actuellement, selon lui. Avec ce rebondissement, la crise du FLN risque de prendre une autre dimension avec des protagonistes qui ne veulent rien céder. Un Belkhadem qui a accepté le jeu de l'urne mais refuse de respecter son verdict et des redresseurs qui n'entendent pas lui laisser la moindre chance de revenir. C'est une question d'éthique, de morale et surtout de “démocratie qu'il prétend respecter", dénoncent-ils. Il est question, selon eux, désormais de penser et de passer à l'après-Belkhadem. Mais le feuilleton risque de continuer. D B