Il a fallu trois réunions successives avant que les “onze” personnalités politiques ne parviennent à une déclaration commune. D'autres actions unitaires sont prévues pour les prochains jours. “Oui, on est arrivé à un consensus”. Il est 14 heures passées de quarante minutes quand le général à la retraite Rachid Benyellès arrive à son désormais QG de campagne sis dans un quartier résidentiel à El-Mouradia. Mine joviale, le candidat et néanmoins auteur de la rencontre ne cache pas son optimisme quant à la réussite de l'entreprise. “Il ne reste plus qu'à mettre les dernières retouches”, confie-t-il. Il est vrai que l'essentiel du travail a été accompli la veille soit lors de la précédente réunion au même endroit. Le temps “d'une pose photo”, comme on dit dans le jargon des photographes, le candidat rejoint le salon de la villa transformée pour la circonstance en salle de réunion. Quelques minutes plus tard, les autres candidats arrivent avec cependant l'absence de Taleb représenté par Lerari. Il faut dire que l'ex-ministre des Affaires étrangères avait donné son “accord” à Benyellès sur “l'esprit de la plate-forme” bien avant le début des travaux. Il est 14 h 30 et les travaux pouvaient alors commencer. Alors que l'on s'attendait à une réunion brève, le “conclave traîne en longueur” et les spéculations vont bon train. Qu'est-ce qui a bien pu “clocher” ? À vrai dire, tout a été pratiquement ficelé lors de la réunion d'avant-hier. Les diverses propositions des uns et des autres, retenues lors de la réunion de vendredi, ont fait l'objet d'une synthèse et une première copie du communiqué a été esquissée. Il suffisait juste, hier, aux participants de porter une dernière touche pour la parapher et la rendre publique. Une objection de dernière minute Contre toute attente un représentant d'une formation politique, le MSP pour ne pas le nommer, exprime son objection par rapport à l'exigence du départ du gouvernement. L'énigme est que Ahmed Dane avait donné son accord la veille. C'est dire qu'en l'espace de 24 heures seulement il a changé d'opinion. Un changement inattendu et auquel il fallait trouver une “solution”. Si, aux yeux des participants, ce changement est sans doute motivé par la présence au sein de l'Exécutif des ministres du parti islamiste, pour le représentant du MSP “le parti a souhaité un temps de réflexion, le temps, a-t-il argué, que l'instance suprême du parti se concerte”. Ce n'est qu'après près de quatre heures, devant l'insistance de la majorité, que le communiqué devait être rendu public hier, que le consensus est enfin arraché : le représentant du parti réfractaire adhère aux termes du communiqué mais émet des réserves sur le remplacement du gouvernement. Mais il n'y avait pas que la question de la revendication de la nécessité du remplacement de l'Exécutif sur laquelle les participants avaient achoppé. Fallait-il ou non intégrer la demande du départ pur et simple du président Bouteflika ? L'idée avait été évoquée par pratiquement tous les participants déjà dès la première réunion de vendredi. Il ne restait plus qu'à en mesurer “la portée”. Finalement, il fut décidé d'entamer l'offensive par étapes. Un communiqué où est consigné l'essentiel des exigences pour la transparence du scrutin et le reste est prévu pour les prochains jours. En effet, les différents candidats se sont donné le mot pour aller crescendo dans l'entreprise qu'ils viennent d'esquisser. Un suivi pour l'application de ces exigences est prévu pour les prochains jours, au même titre que d'autres rencontres de concertation. Bref, le front contre la fraude est opérationnel depuis hier. K. K.