Résumé : J'étais très inquiète pour Youcef. L'association des femmes en difficulté me contacte pour me remercier. On avait prévu une collation en mon honneur... Je refusais. Ce qui m'importait, c'était d'avoir des nouvelles de mon mari. Je prends mes clefs et mes papiers, et m'apprêtais à partir à sa recherche lorsqu'une voix m'interpelle. Je lève les yeux au ciel. C'était Youcef. - Qu'ai-je donc fais de ma vie ? Ma migraine reprenait et je porte la main instinctivement à la plaie. - Oh ! j'ai oublié de remettre un pansement. Elle est sûrement infectée à présent. Je devrais repartir à l'hôpital au plus tôt. Youcef m'entraîne vers les escaliers. Nous remontons chez-nous. Je me dirige vers ma chambre et il me suit. Les mains sur les hanches je donne libre cours à ma colère : - Alors... on joue à l'école buissonnière ? On oublie qu'on a une famille, un enfant, une femme qui a passé la moitié de la nuit à t'attendre...Et puis au petit matin, elle découvre que tu n'es pas rentré. Pis encore, tu n'as même pas pris la peine de me contacter pour me prévenir que tu ne rentrais pas. Et puis... Et puis pourquoi as-tu éteint ton téléphone ? - Je... je ne l'ai pas éteint... C'est la batterie... J'ai oublié de la recharger. Je ne savais plus quoi faire. Ma méfiance reprenait le dessus...Mon mari me mentait. Cette impression, bien que je tente à maintes reprises de la chasser de mon âme, ne voulait pas me quitter. - Allons... C'est fini, je suis désolé, je te prie de me pardonner. Youcef s'approche de moi, mais je le fuis : - Recule ! Je ne veux pas que tu me touches. Je ne sais pas d'où tu reviens. Il ne répondit pas et se contenta de quitter la chambre. Je me laisse tomber sur mon lit effondrée. Des larmes de rage coulaient sur mes joues. Je ne savais plus où j'en étais. Trop ! C'en était trop. Au moment où je voulais tout récupérer, me voici prise entre le doute et le mensonge. J'entendis Youcef discuter avec la nurse, puis jouer avec Mehdi. Que vais-je faire maintenant ? Fermer les yeux sur tout ce qui s'est passé et me rendre à la rédaction comme si de rien n'était ? Une douleur me rappelle ma plaie infectée. Je porte la main à ma tête. Il était grand temps de m'occuper sérieusement de moi. Sans dire un mot de plus, je passe devant mon mari et quitte la maison. Une semaine passe. Youcef rentrait de plus en plus tard, mais ne se hasarde plus à passer la nuit dehors. Je continuais à travailler sans relâche. Lui par contre, semblait plus détendu. Il ne quittait pas la maison très tôt, et revenait en fin de journée prendre un café et jouer avec le petit avant de ressortir. Il avait l'air heureux et en pleine forme. Moi par contre, j'étais épuisée. Pas seulement par le travail, mais par l'atmosphère malsaine qui régnait chez-moi. Je ne m'adressais plus à mon mari que pour des raisons valables. Nous faisions chambre à part. Je n'arrivais pas à lui pardonner ses escapades nocturnes. Mais, apparemment, il n'en avait cure, car il continuait à rentrer à des heures impossibles. J'étais passée chez ma coiffeuse. J'avais changé de coupe de cheveux et de couleur mais il ne semble pas le remarquer. Je me suis mise à me maquiller discrètement et à porter des bijoux et des tenues très féminines. Rien de ce côté-là non plus. Je voulais qu'il sache que je voulais changer. Changer dans tout, dans mon boulot, dans mes habitudes, dans ma façon de m'habiller et de me conduire. Je voulais l'entretenir sur mon intention de changer de rubrique. Depuis quelques jours déjà, je n'écrivais plus d'articles. Ma chronique était assurée par une collaboratrice. Il y a bien eu une réaction des lecteurs mais je ne voulais plus lire mon courrier. Je voulais changer... changer. Youcef seul pourra m'aider mais... mais ne voilà-t-il pas que nous nous regardons en chiens de faïence ! (À suivre) Y. H.