Résumé : L'anxiété me provoque une boule dans l'estomac. Des idées noires obstruaient mon cerveau. En fin de compte, la fatigue aura raison de ma résistance. Le sommeil me libère pendant quelques heures. Au petit matin, je sentis une présence dans ma chambre : Youcef était rentré et dormait sur le devant du lit. Il fait quelques mouvements avant de s'approcher de moi : -Tu as enfin compris ce que c'est que l'inquiétude. -Pourquoi ? Je suis sans cœur ? -Eh bien j'avais tendance à le penser, lorsque tu passais de longues soirées à palabrer à la rédaction, sans même avoir l'obligeance de téléphoner. -Mais du moins, tu savais où j'étais. -Non. Je n'étais pas censé le savoir. Par contre, ce que je savais, c'est que tu étais loin de chez toi, loin de ta famille, et tu ne te souciais même pas de nous. -Ce n'est pas vrai. Je finissais toujours par me montrer. -Eh bien vois-tu ! Moi aussi j'ai fini par me montrer. Je voyais rouge. Je perdais mon sang-froid. Un seul geste de lui, et je n'en garantissais aucune retenue. Mais Youcef se dirige vers la salle de bains sans un mot. -Je ne vais tout de même pas le laisser me marcher sur les pieds. ! Il doit payer pour tout le calvaire que j'avais enduré dans la soirée. Lorsqu'il revint dans la chambre, j'étais prête à entamer ma journée. Lui par contre ne semblait pas pressé. Il s'était rasé, douché et sentait bon l'eau de toilette. Je lance une dernière flèche : -Tu as un rendez-vous galant ? Il hoche la tête : -Peut-être. -Je ne plaisante pas. Je me suis fait un sang d'encre. Je ne savais pas où tu étais. Et te voilà ici à me narguer. Il sourit : -Je ne te nargue pas. Je ne suis pas censé le faire d'ailleurs. -Alors pourquoi ne me dis-tu pas où tu as passé la soirée ? -A un débat électoral. Je t'avais prévenue. -Ne me fais pas marcher. Il était deux heures du matin, et tu n'étais pas encore rentré. -Eh bien tout simplement parce que le débat s'est éternisé. Il y avait deux partis politiques en ligne. -Et ton portable? Pourquoi l'avais-tu donc éteint ? -Mais alors, mais alors ! Tu deviens fada ! Tu sais bien que lors de mes couvertures je ne pouvais être dérangé. Ma parole ! On dirait que tu n'es pas du métier ! On aurait pu s'arrêter là, si mon instinct de femme ne s'était pas mis en alerte. Quelque chose dans l'attitude de Youcef me disait qu'il mentait. Pour la première fois depuis notre mariage, je sentais que mon mari ne disait pas la vérité. J'arrive à la rédaction vers la mi-journée. Mon article avait fait la une. Une grande photo de la manifestation de la veille trônait au milieu de la première page. D'autres journaux avaient rapporté l'événement. Quelques-uns relatèrent même mon agression. Des messages de sympathie me parvenaient à chaque minute. Des collègues vinrent s'enquérir de ma santé. Mes collaboratrices déposèrent sur mon bureau des bouquets de fleurs et des cartes comportant des petits mots gentils. Tout le monde voulait me rencontrer. Youcef avait prévenu les journalistes, la veille, que j'avais quitté l'hôpital. Personne ne s'attendait à ce que je sois à la rédaction dès le lendemain. -On voulait venir te rendre visite, mais Youcef nous a dit que tu avais quitté l'hôpital. -Femme courage. Une femme courage que tu es, me lance un autre collègue. - Dire que c'est une femme qui s'est attaquée à toi, rétorque une collaboratrice. La photographe qui m'avait accompagnée la veille s'approche de moi, un paquet de photos à la main : -Tenez. Voici les prises d'hier. Je pense que vous aimeriez revenir sur le sujet. Ou du moins comprendre ce qui s'est passé. Y H