Smaïl Kerdjoudj n'est plus... Lorsqu'une personne connue de nous n'est plus, lorsque la vie s'en va, elle s'en va à jamais. On dit à juste titre que les souvenirs restent. Ce sont ceux laissés par des êtres de caractère, dont la sobriété, associée à de fermes convictions et à un engagement, est l'une des marques majeures. Smaïl Kerdjoudj n'est plus. Je l'ai connu au tout début de ma vie professionnelle. Il était directeur général des collectivités locales au ministère de l'Intérieur. Le ministre, à l'époque, était... Ahmed Medeghri, un homme de vision et d'action. Autant dire que c'était l'époque où la génération d'alors construisait avec foi et conviction un Etat qui “survivrait aux hommes et aux institutions". Smaïl Kerdjoudj appartenait à cette génération d'hommes et de femmes. Il a marqué de façon définitive la mémoire de ceux qui l'ont connu et auxquels il fait don d'un privilège à venir, celui de pouvoir l'évoquer longtemps après et une fois disparu hélas, avec émotion. Comme chacun sait, dans ce monde où les valeurs sont brouillées, nombreuses sont les personnes qui veulent briller, mais bien peu le font avec la discrétion qui sied aux grands caractères. Je garde, pour l'avoir connu dans cette grande maison des collectivités locales, et avoir été, avec d'autres, son collaborateur, alors qu'il était directeur général des collectivités locales, l'image d'un homme mesuré dans le propos, à la fois ouvert et simple, ayant toujours le bon mot pour détendre l'atmosphère et animer de cette modestie non feinte nos débats et nos échanges. En un mot, il ne se prenait pas la tête. La plus grande de ses certitudes et la plus manifeste aussi, car il aimait la partager, était qu'il avait foi dans le destin de l'Algérie et une confiance infinie dans sa belle jeunesse. Je ne pouvais, gardant cela en tête mais aussi dans mon cœur, ne pas témoigner afin de pérenniser son souvenir. Adieu Smaïl C. R. (*) Ministre de l'Industrie, de la pme et de la Promotion de l'investissement Président de la Fondation Désert du monde