En attendant la confirmation de sa nomination proposée par le président Obama, David Rodriguez dresse d'ores et déjà sa vision de l'Afrique du Nord et de l'avenir du Sahel à la lumière de l'intervention militaire française pour libérer le nord du Mali et du poids de l'Algérie dans la région. C'est un véritable plaidoyer pour l'Armée algérienne qu'a fait, jeudi, le futur chef du Commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), le général David Rodriguez, devant la commission des forces armées du Congrès américain. Evoquant l'attaque terroriste perpétrée contre le site gazier de Tiguentourine le 16 janvier dernier, le successeur du général Carter Ham a reconnu le succès de la riposte des forces spéciales de l'ANP, soutenant en termes clairs que les forces de sécurité algériennes ont réussi à vaincre les terroristes qui détenaient des otages dans l'installation gazière d'In Amenas. Dans son analyse sur la situation au Sahel, le général Rodriguez, qui a été soumis à plus d'une centaine de questions allant du terrorisme en Afrique du Nord, la situation au Mali et en Libye, jusqu'aux questions liées à la sécurité au Nigeria et en Somalie, le trafic de drogue en Afrique, la lutte contre l'armée de résistance du Seigneur et la protection des ambassades américaines dans le continent, a considéré que “l'Armée algérienne est la plus capable de celles de tous les pays d'Afrique du Nord". “En tant que tel, je considère l'Algérie comme un leader régional, capable de coordonner les efforts des pays du Sahel pour faire face aux menaces à la sécurité transnationale", a-t-il ajouté. “La connaissance dont dispose l'Algérie quant à la situation sur le terrain dans le nord du Mali est inestimable pour les Etats-Unis", a soutenu le général américain qui avait dirigé le commandement conjoint de la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan. Cependant, a-t-il tenu à préciser, pour s'assurer de la poursuite de la coopération de l'Algérie sur la crise du nord du Mali, toute solution militaire doit être autorisée par l'ONU, bénéficier d'un soutien international et utiliser des forces africaines. Le général Rodriguez a avancé que s'il venait à être confirmé à la tête de l'Africom, il continuerait à favoriser le leadership régional de l'Algérie à travers notamment la tenue de dialogues bilatéraux de haut niveau et les exercices militaires régionaux. À la question de savoir quelle était son évaluation de la menace posée par Aqmi, il a répondu que si cette organisation avait, certes, déclaré sa volonté d'attaquer les intérêts des Etats-Unis et de l'Occident en général, sa capacité à mener des attaques terroristes à grande échelle est limitée. Ceci s'explique par la rareté des cibles américaines et occidentales en Afrique du Nord et par le succès des efforts de lutte contre le terrorisme menés par les services de sécurité algériens, a-t-il affirmé. Il a, cependant, estimé que la plus grande menace d'Aqmi contre les intérêts des Etats-Unis serait probablement le rôle de ce groupe comme catalyseur de l'instabilité en Afrique du Nord grâce à la circulation des armes et la formation des djihadistes dans le nord du Mali. Donnant son avis sur l'intervention militaire conduite par la France au Mali, ce spécialiste de l'infanterie a souligné que si cette opération a eu un impact pour refréner la capacité d'Aqmi à agir sans entrave au Nord malien, ce groupe est en mesure de coordonner la formation, de répartir les ressources et de procéder à une planification d'attaques par ses propres rangs ainsi qu'avec d'autres organisations terroristes étrangères. D'où la nécessité d'un plan global pour le rétablissement de la souveraineté totale du Mali et d'une coordination régionale très renforcée. S. T.