Résumé : Semra et la tante d'Azzedine ont une discussion qui lui en apprend beaucoup. Elle est à son goût. Kenza souhaite les voir mariés au plus vite. Semra est heureuse d'être à son goût et de ne pas avoir à batailler pour avoir Azzedine. Même si dans le fond elle sait qu'il ne sera jamais à elle ... Semra est bouleversée. Quand elle voit le car s'éloigner, elle réalise qu'elle ne reverra plus jamais Azzedine. Il est parti, pour préparer la sortie des colons à Alger. Demain, elle fera de même. Elle n'a pas le choix. Il ne lui reste que cette journée pour prendre ses affaires et partir. - Pourquoi être aussi triste alors qu'il va revenir demain, en fin de journée ! lui dit Sabah quand elle remarque sa petite mine à la plage. Il te manque déjà ! Cela lui fera plaisir quand il le saura ! Feras-tu partie des encadreuses ? - Peut-être ? Et toi ? - Oui, j'adore me rendre à Alger ! La jeune fille en doute fort. Personne ne comprendra sa fuite. Elle a longtemps réfléchi à la situation et il n'y a pas d'autre solution. Semra songe à son passé. Le dortoir froid du centre d'éducation la fait frissonner. Elle a beau être sous le soleil chaud, le souvenir la glace et la rattrape. Elle ne se fait pas d'illusions. Elle ne pourra pas jouer davantage à ce jeu où elle risque de perdre. Elle ne peut pas continuer à prétendre être Dalila. Si son oncle Tahar rappelle par hasard ou même le père de Dalila, elle sera découverte. Aâmi Rabah n'hésitera pas à la remettre entre les mains de la police ou des gendarmes. Tous sauront alors qu'elle n'est en fait qu'une pupille de l'Etat et qu'elle a été abandonnée dans le coin d'un vieux bâtiment. C'est un agent de l'ordre qui l'a trouvée et qui a pris soin de la remettre à la maternité la plus proche. Semra serre les poings devant tant d'injustice. N'a-t-elle pas le droit à la paix, au respect, au bonheur ? Elle joue la comédie, sans rôle précis, sans espoir de renommée. Elle sait, pour l'avoir vécu à plusieurs reprises, dans sa courte vie de ne pas s'attendre au meilleur. Le meilleur est pour les enfants légitimes. Elle se rappelle les parents de ses camarades de classe qui lui ont caressé les cheveux, donné des bonbons avec un mot gentil, ceci, avant de savoir qu'elle est une enfant naturelle. Après, elle a eu droit au mépris et certains n'ont pas hésité à recommander aux enfants de ne plus jouer avec elle, comme par crainte de les voir attraper une maladie grave et incurable ! Semra n'a jamais eu d'amie avant Dalila. Grâce à celle-ci, elle a eu la chance de travailler, de se faire des amis. Mais surtout, de connaître Azzedine. Pourquoi rêver puisqu'il ne lui reste que quelques heures avant son départ ? - Dalila... Tu voulais me parler ? lui demande aâmi Rabah en s'arrêtant à sa hauteur. La secrétaire m'a dit que tu étais passée au bureau ! - Oui, j'ai un souci, lui avoue-t-elle, un peu gênée. Je n'ai plus d'argent. Est-il possible de percevoir une partie de... ? - Bien sûr, l'interrompt-il. Tu passes demain, à la comptabilité ? - Et aujourd'hui ? demande-t-elle. Je voulais m'acheter des choses, cet après-midi ! Et même des souvenirs d'Alger. Personne ne peut me prêter ? - Puisque c'est urgent, je pourrais le faire, propose-t-il. Je te remettrai la somme que tu veux, tout à l'heure ! Semra le remercie et ne cache pas son soulagement. Elle ne peut pas partir les poches vides... (À suivre) A. K.