Résumé : Sabah, la sœur de Azzedine, est heureuse pour eux. Elle tient à ce qu'ils officialisent avant leur retour en France. Dalila, à qui elle confiera tout au téléphone, lui conseillera de tout faire pour que Azzedine ne puisse plus se passer d'elle. Semra suit un des conseils, peu de temps après avoir raccroché. Elle est allée se farder légèrement. Un peu de blush sur les joues, un délicat trait de crayon aux yeux, elle se voit transformée. Elle est plus belle. Dalila ne s'est pas trompée. Un rien l'a changée. Elle aurait dû y penser toute seule. Elle n'est pas habituée à se maquiller. - Dalila ! Dalila ! Semra l'entend venir derrière elle et prend tout son temps pour se tourner vers lui. Elle lui adresse son plus beau sourire. Azzedine a une mine épouvantable et un air misérable. Elle devine qu'il a dû passer la nuit à se retourner dans son lit. - Je m'inquiétais de ne pas te voir à la plage ! lui dit-il. On m'a dit que tu as reçu un appel. De bonnes nouvelles, j'espère ? - Oui, j'ai parlé avec ma sœur, lui répond-elle. - Lui as-tu dit pour nous ?, l'interroge-t-il. - Non, je trouve qu'il est encore trop tôt pour en parler à ma famille ! Depuis qu'elle a fait irruption dans sa vie, il n'est plus le même. Il faut remonter à son adolescence pour qu'il se souvienne s'être senti aussi mal qu'aujourd'hui. Pourquoi le regarde-t-elle ainsi ? Pourquoi sourit-elle ? Comment se fait-il qu'elle ne soit plus soucieuse ? Les lui aurait-elle refilés ? - Quand on sera sûr, poursuit-elle. Imagine que c'est juste une amourette de passage ! - Moi, je suis vraiment amoureux de toi !, l'interrompt-il. J'ai peur que tu te volatilises. Azzedine la compare à un ange. Elle lui paraît plus belle qu'hier ou peut-être est-ce seulement un tour de son imagination ? - Et si on parlait de ce que tu as mis sur les lèvres ? - Quoi ? ça ? dit-elle en passant la langue sur la lèvre inférieure. Une femme peut se mettre du rouge à lèvres de temps en temps. Tu n'aimes pas ? Azzedine ne répond pas à la question. Semra a un mal fou à ne pas éclater de rire. - Tu as aussi mis quelque chose sur tes yeux !, remarque-t-il. - A t'entendre, il y a une loi qui l'interdit, réplique-t-elle en riant doucement. - Non. Non. Tout simplement, je suis à bout. Tu es si belle, tu es en train de me provoquer ! - Loin de moi cette envie, murmure-t-elle d'une voix si innocente et si douce que Azzedine l'imagine avec des ailes. Rassure-toi. A partir de maintenant, je ne mettrai plus rien sur mes lèvres ! - Ne joue plus avec le feu ! Tu risques de te brûler. Semra l'a sous-estimé. Pas de beaucoup, mais elle réalise qu'en dépassant les limites, ça risque de lui être fatal. - Dalila ! Tu ne trouves pas qu'il est temps d'aller surveiller les colons ! lui crie aami Rabah qui passe à quelques mètres d'eux. Semra est sauvée. Elle part en premier, pour qu'il ne voie pas son soulagement et sa mine devenir grave. Elle en a trop fait. L'avertissement de Azzedine n'est pas gratuit. Elle risque de se brûler les ailes. Elle a envie de pleurer. L'amour n'est pas un jeu. Elle a souvent lu cet ensorcellement dans des romans, mais jamais elle ne s'est attendue à en être la proie. Et à vouloir l'être. (À suivre) A. K.