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Abdelaziz Rahabi s'exprime sur les relations algéro-françaises
L'Algérie a fait des concessions “sans contrepartie" à Sarkozy
Publié dans Liberté le 25 - 02 - 2013

Après la visite de François Hollande à Alger, “nous sommes incontestablement dans un processus de normalisation dans les relations algéro-françaises", estime M. Rahabi. Ce qui manquait et qui manque encore à l'Algérie, c'est un traité comme le traité de l'Elysée, estime l'ancien diplomate Abdelaziz Rahabi qui a animé une conférence samedi après-midi au siège de la Fondation Slimane-Amirat (Alger).
“Le traité de l'Elysée, signé entre la France et l'Allemagne en 1963, est un traité extrêmement important. C'est un cadre bilatéral qui codifie les relations entre les deux pays. Il est peut-être contraignant puisqu'il exige, entre autres, une réunion des chefs d'Etat deux fois par an, mais c'est aussi un traité flexible, qui a son propre rythme, ses rendez-vous", a-t-il expliqué. L'ancien ministre de la Communication a également observé que les relations franco-allemandes “ne sont pas si bonnes qu'elles paraissent", remarquant dans le même temps que “maintenant, il n'y a pas d'hostilité entre les deux peuples". “C'est le plus acquis de ce traité", a-t-il renchéri. Qu'en est-il des relations entre l'Algérie et la France ? D'après lui, les accords d'Evian sont en réalité “le document constitutif des relations algéro-françaises". Pourtant, signalera-t-il, “nous avons le sentiment que ces accords ont scellé l'indépendance de l'Algérie et puis, on en parle plus". Dans son exposé, l'intervenant a abordé les relations en dents de scie entre les deux pays, rappelant notamment la difficulté des dirigeants français de se faire à l'idée de l'Algérie algérienne. Selon M. Rahabi, les relations ont commencé à “se normaliser" avec l'arrivée de François Mitterrand à la présidence française, en 1981. Au passage, il évoquera des avancées occasionnées par le couple Mitterrand-Chadli Bendjedid, à l'exemple de l'accord sur l'annulation de la décision relative au retour en Algérie de 30 000 porteurs de cartes de résidence, prise du temps de Giscard d'Estaing, qui avait provoqué “une crise extrêmement grave". M. Rahabi rappellera, en outre, que l'autorisation de l'Algérie d'ouvrir son espace aérien à l'armée française n'est pas la première avec la crise malienne, puisque cela s'était déjà produit pour le Tchad, à l'époque de Chadli. Seulement, après 1991 et l'interruption du processus électoral, “toute la perception que l'Europe avait de l'Algérie a changé", considérant l'Algérie comme “une menace". Concernant le traité d'amitié et de coopération de 2004, celui-ci fait penser, dira-t-il, à “la diplomatie de spectacle". Mais, il sera vite remis en cause après l'adoption, en France, de “la loi parlementaire" du 23 février 2005. M. Rahabi signalera que c'est au cours de cette année 2005 que “le concept de repentance est sorti pour la première fois de la bouche de Sarkozy". “Ce concept sorti en France a traversé la frontière et est devenu un produit algérien", a-t-il indiqué. Mais qu'en est-il de la relation Bouteflika-Sarkozy ? Pour M. Rahabi, l'Algérie a fait “des concessions" à Nicolas Sarkozy, à travers les contrats signés “sans aucune contrepartie". Dans l'étape suivante et après la visite, en décembre dernier, de François Hollande à Alger, “nous sommes incontestablement dans un processus de normalisation dans les relations algéro-françaises". Le conférencier préviendra toutefois qu'en ce moment, on ne peut pas parler des relations entre ces deux pays, sans évoquer la conjoncture régionale.
En marge de la rencontre, l'invité de la Fondation Amirat a laissé entendre que le processus de normalisation entre Alger et Paris doit tenir compte du problème du Sahara occidental, de la coopération sur la sécurité régionale et du partenariat stratégique, auquel a appelé la déclaration commune d'Alger, publiée à l'issue de la visite de François Hollande. Interpellé sur la crise malienne, M. Rahabi est revenu sur “le choix souverain" de l'Algérie de ne pas intervenir militairement au Mali, en insistant sur le fait qu'il faut “consulter l'Algérie et l'associer aux efforts de stabilisation du Mali". Pour le diplomate, l'Algérie est concernée par tout ce qui se passe à ses frontières, car “les implications de la crise malienne sont réelles et parfois immédiates sur notre propre sécurité nationale". “L'avenir du Mali est, à ce titre, stratégique pour l'Algérie", a-t-il dit. Puis d'ajouter à propos de la prochaine phase que “celle-ci est la phase politique, (qui) doit tenir compte des intérêts de l'Algérie".
H A


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