La villa Abdeltif à Alger a accueilli avant-hier après-midi une rencontre autour de l'ouvrage “Histoire de l'Algérie à la période coloniale", paru en septembre 2012 aux éditions Barzakh (Alger) et La Découverte (Paris). Organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), cette rencontre s'inscrit dans le cadre du cycle Diwan Dar Abdeltif, et animée par Ouanassa Siari Tengour, historienne et chercheuse au Centre national de recherches en anthropologie sociale et culturelle (Crasc, Oran), et Sylvie Thénault, directrice de recherche au CNRS (Paris), historienne, codirigeantes de l'ouvrage. Le débat a été très riche et a attiré beaucoup de personnes. Dans 720 pages, cet ouvrage monumental raconte l'histoire de l'Algérie sociale durant toute la période coloniale, allant de 1830 à l'indépendance en 1962. Pour le réaliser, 83 auteurs se sont mis au travail deux années durant. Au programme de cette rencontre, échange d'idées et d'avis entre les historiennes et les présents passionnés de littérature et d'histoire pour la plupart. La sortie de ce livre coïncide avec un moment fort symbolique, le cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. “Pour cette occasion, on se disait qu'un livre qui ne traiterait que de la guerre ne serait pas suffisant et qu'un retour en arrière s'imposait", dira Sylvie Thénault. “L'idée était d'écrire un livre multidisciplinaire à multiples entrées et rendre cette histoire aussi complexe et passionnante qu'elle puisse être accessible et lisible à tout un chacun", a-t-elle ajouté. Durant la rencontre, les historiennes n'ont cessé de répéter que la période coloniale n'a trop longtemps été que politique, qu'on avait tendance à n'évoquer que le côté agressif, mais que dans cet ouvrage c'est tout le reste qui est évoqué, tel le côté social et culturel. “Les archives sont plutôt sèches, nous mettons le doigt sur le côté humain, les gens ont vécu et ont fait beaucoup de choses et tout cela est l'histoire de notre peuple durant cette période", déclarera Ouanassa Siari Tengour. Quant au titre du livre, Sylvie Thénault dira : “C'est un titre symbolique, on a beaucoup pensé aux mots et aux tournures de phrases qui pourraient être reçus en France comme en Algérie avant de choisir celui-ci." Le débat entre les historiennes et les présents était intéressant. Il était question des archives et de leur importance dans l'écriture historienne, la situation de la recherche actuellement en Algérie, la crise de l'été 1962 ainsi que la participation d'auteurs étrangers – non Français ou Algériens – à l'élaboration de cet ouvrage. A ces questions et d'autres, les spécialistes ont répondu clairement sans ambiguïté et sans langue de bois. Et de la participation d'auteurs étrangers, Sylvie Thénault expliquera : “On a volontairement rassemblé des historiens de différentes nationalités, car ce livre n'est pas binational, mais transnational, entièrement détaché des frontières." En effet, Anglais, Américains, Canadiens et Allemands ont apporté leur contribution à cet ouvrage. Par ailleurs, cette rencontre n'est pas la dernière. Cinq rendez-vous du même genre sont programmés afin de créer un espace d'échange et de débat entre écrivains, romanciers, historiens, spécialistes ou encore acteurs et témoins de la guerre de Libération. F Y N