Pour ses 57 ans qu'il fêtait, hier, Aïssa Dermouche a eu un beau cadeau d'anniversaire. Ce Français d'origine algérienne (né en Kabylie en 1947), jusque-là, directeur de l'école supérieure de commerce de Nantes, a été nommé préfet du Jura, un département de l'est de la France, en Conseil des ministres. Il devient ainsi le premier préfet français “issu de l'immigration”. Une nomination, qui même si, selon Jacques Chirac, elle “vient reconnaître les qualités de cette personnalité qui a souhaité se mettre au service de la République, après avoir acquis une expérience importante dans d'autres domaines d'activité où il a réussi brillamment”, ne s'est pas faite sans difficultés. Acte 1. Nicolas Sarkozy annonce la nomination prochaine d'un “préfet musulman”. Pour le très populaire ministre français de l'Intérieur, il s'agit d'introduire en France une dose de “discrimination positive” pour aider les minorités. Mais le message est perçu autrement par la classe politique, à gauche comme à droite. D'abord, explique-t-on, la France est une république dans laquelle les citoyens sont tous égaux. Ensuite, la France est un pays “laïque” où les serviteurs de l'Etat ne sont pas désignés en fonction de leur religion. Acte 2. Jacques Chirac désavoue son ministre de l'intérieur. Vendredi 5 décembre Le président français, en visite d'Etat en Tunisie, profite d'une rencontre avec des lycéens de Tunis pour dire son opposition à la nomination de personnes en fonction de leur confession. Dans la foulée, il rejette l'idée émise par Nicolas Sarkozy d'introduire en France la “discrimination positive” sur le modèle de “l'affirmative action” américaine. Acte 3. L'Elysée tranche pour un “préfet issu de l'immigration”. Ce sera Aïssa Dermouche. Jacques Chirac vient de remporter une bataille d'importance contre son ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy. Mais, comme le souligne Yazid Sabeg, “le fait qu'on n'ait pas réussi à trouver dans l'administration un candidat prouve que celle-ci est loin du compte en matière de représentativité des minorités visibles”. L. G.