L'affaire Sonatrach 2 est entrée dans la phase active, au niveau de la justice. Pour la première fois, depuis l'éclatement du scandale, l'on évoque le ministre (Chakib Khelil pour ne pas le nommer). Le communiqué du procureur général près la cour d'Alger, Belkacem Zeghmati, rendu public jeudi, affirme que “si certes l'identité des personnalités algériennes, ministre ou cadres de la Sonatrach, visées dans cette affaire, a été clairement portée à la connaissance de l'opinion publique par les organes d'information nationaux et étrangers, la loi algérienne n'autorise pas l'autorité judiciaire à le faire avant leur inculpation officielle". Cette précision du procureur général est de taille, dans la mesure où, jusqu'à présent, le nom de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines a été cité dans la presse algérienne et étrangère, sans que son inculpation soit établie. La justice se refuse, donc, de citer son nom, ou de révéler les secrets d'instruction, mais elle confirme sa volonté d'aller jusqu'au bout de l'enquête. Selon notre confrère El-Mihwar, Chakib Khelil aurait déjà été entendu par la justice algérienne ces derniers jours. Au stade actuel de l'information judiciaire, rien ne permet d'établir son inculpation et il serait difficile de le faire dans ce genre d'affaires, sachant que la justice agit en fonction de faits tangibles, d'écrits, de traces. Cela dit, l'information judiciaire, ouverte dans le cadre de l'affaire dite Sonatrach 2, connaîtra “une cadence accélérée", selon le procureur général près la cour d'Alger. L'on devrait avoir plus de nouvelles dans les jours à venir. C'est la deuxième sortie publique du parquet en moins d'un mois, entrecoupée par le discours du président Bouteflika le 23 février dernier. Ce qui dénote d'une volonté politique clairement affichée pour lutter contre la corruption. Le communiqué de jeudi dernier est venu rappeler que la justice travaille et qu'elle le fait savoir. Cette accélération de la cadence en matière de l'information judiciaire vient, en effet, répondre à l'inquiétude grandissante au sein de l'opinion publique, mais surtout répondre aux fuites distillées par la presse étrangère au sujet du scandale Sonatrach. La phase active de cette information judiciaire a déjà commencé avec la réception des résultats des commissions rogatoires internationales par le juge d'instruction et la convocation ou l'émission de mandats de justice à l'encontre de toute personne impliquée. “En raison de l'origine des informations sur la base desquelles l'action publique fut mise en mouvement quant aux faits sus-cités, en l'occurrence les diverses commissions rogatoires internationales parvenues aux autorités judiciaires algériennes de la part de ses homologues étrangères (...), le juge d'instruction en charge du dossier devait, en premier lieu, s'assurer du bien-fondé de ces informations, de leur exactitude et de leur crédibilité", a-t-il expliqué. Le communiqué de jeudi comporte une nouveauté de taille : jusque-là, on ne parlait que de la piste italienne dans le scandale Sonatrach. Désormais, l'enquête s'étendra à la Suisse et aux Emirats arabes unis. M. Zeghmati a rappelé que, pour ce faire, le juge d'instruction “a eu à décerner plusieurs commissions rogatoires internationales à destination des autorités judiciaires suisses, italiennes et émiraties". “Le juge d'instruction a sollicité l'accord des autorités judiciaires italiennes en vue de se déplacer personnellement à Milan (Italie) dans le but de rencontrer ses collègues italiens en charge du dossier ouvert à leur niveau pour des faits similaires", a ajouté le procureur général. Le champ d'investigation s'étendra, donc, à la Suisse et aux Emirats arabes unis. Ce dernier pays reste une énigme : abrite-t-il des sociétés-écrans ? Des comptes bancaires des personnes incriminées ? Ou des personnes réfugiées ? L'enquête nous le dira. Au stade actuel de l'enquête, la piste canadienne, largement évoquée par la presse, dans l'affaire SNC-Lavalin, n'est pas évoquée. Le sera-t-elle dans un proche avenir ? Le communiqué n'en souffle pas mot. En attendant, l'enquête se poursuit. Des perquisitions et des arrestations pourraient se faire dans les jours à venir. Selon nos informations, cela a déjà commencé, notamment dans des sociétés implantées dans le Sud algérien. A B