La justice algérienne attend les conclusions de commissions rogatoires internationales sur l'éventuelle implication de personnalités algériennes dans des faits de corruption liés à des contrats entre le groupe pétrolier national Sonatrach et des firmes étrangères, a indiqué jeudi le parquet d'Alger. L'information judiciaire ouverte dans le cadre de cette affaire "connaîtra, sans nul doute, une cadence accélérée dès réception des résultats des commissions rogatoires internationales par le juge d'instruction et la convocation ou l'émission de mandats de justice à l'encontre de toute personne impliquée sera requise", a affirmé le procureur général d'Alger Belkacem Zeghmati. Le juge "a eu à décerner plusieurs commissions rogatoires internationales à destination des autorités judiciaires suisses, italiennes et émiraties", a-t-il précisé dans un communiqué, cité par l'agence de presse APS. Il a "sollicité l'accord des autorités judiciaires italiennes en vue de se déplacer personnellement à Milan dans le but de rencontrer ses collègues italiens chargés du dossier ouvert à leur niveau pour des faits similaires", a-t-il ajouté. Le parquet d'Alger avait ordonné le 10 février l'ouverture d'une enquête sur une éventuelle affaire de corruption liée à des contrats entre le géant énergétique italien Eni et la Sonatrach, après l'ouverture d'une enquête sur la même affaire par le parquet de Milan. Ce scandale pourrait avoir des prolongements au Canada, touchant également le géant de l'ingénierie SNC Lavalin. M. Zeghmati a indiqué que les "informations sur la base desquelles l'action publique fut mise en mouvement" provenaient des "diverses commissions rogatoires internationales parvenues aux autorités judiciaires algériennes de la part de ses homologues étrangères (...)". "Le juge d'instruction chargé du dossier devait, en premier lieu, s'assurer du bien-fondé de ces informations, de leur exactitude et de leur crédibilité", a-t-il précisé. "Si certes l'identité des personnalités algériennes, ministre ou cadre de la Sonatrach, visées dans cette affaire, a été clairement portée à la connaissance de l'opinion publique par les organes d'information nationaux et étrangers, la loi algérienne n'autorise pas l'autorité judiciaire à le faire avant leur inculpation officielle", a encore dit M. Zeghmati. Selon la presse algérienne, plusieurs hauts responsables, dont l'ex-ministre de l'Energie Chakib Khelil, démis de ses fonctions fin mai 2010, après avoir occupé ce poste durant dix ans, sont soupçonnées d'êtres impliqués dans la série de scandales de corruption au sein de la Sonatrach, qui ont éclaté en janvier 2010 après le limogeage de son PDG Mohamed Meziane.