Formé en 2010, après un long parcours durant lequel les membres ont pu donner forme à leur projet musical, Tarbaat est le fruit d'une expérience qui a mûri entre la passion du chaâbi et l'audace de la création. Lauréats d'un prixau Festival local de la musique kabyle à Béjaïa (2011), et de deux prix lors de la dernière édition du Festival de la chanson amazighe de Tamanrasset, ces férus de musique ne tardent pas à s'affirmer, en enregistrant leur premier album, “Mina Echaab ou Ila Echaab" (par le peuple et pour le peuple). La couleur est déjà annoncée! Lors de la prestation qu'ils ont donnée, samedi dernier à l'espace Plasti (dans le cadre des rencontres d'“Algérie News"), les membres de Tarbaat ont enchanté les spectateurs par la présentation d'une approche musicale contemporaine de ce qui peut être la version modernisée du chaâbi. Composé de sept membres [Merouane Bensghir (vocal & mandole), Aboubakr Maatallah (guitare), Tarek Kadem (clavier), Sofiane Benkacimi (batterie), Fayçal Fellou (basse), Mourad Guechoud (instruments à vent), et Yacine Meknia (percussion)], ont joué le temps d'un concert cinq des huit titres de l'album, dont deux reprises : “Soubhan Allah Ya Ltif" d'El Hadj Mhamed El Anka et “Aheddad N L'fetta" de Sami El Djazaïri. Passage obligé par souci d'exercice peut-être, qui révèle la maîtrise d'un répertoire revisité dans un emballage world music, moyennant de nouveaux instruments modernes. Pour ce qui est du répertoire propre au groupe, la suggestion s'avère intéressante. Les textes sont écrits et interprété par Merouane, dont la voix distille un timbre mi-rauque, mi-égosillé, qui marque néanmoins un cachet rustique au répertoire du groupe. Dans les compositions, les musiciens n'hésitent pas à injecter des sauces reggae, blues dont les sonorités émergent au confluent d'un rythme tantôt langoureux, comme dans les titres “Tmurtiw" ou “Lekhyalim", au verbe précieux et vaporeux. Une étrange ironie est distillée dans la manière par laquelle les textes racontent les temps qui courent, comme dans les titres “Ma sra ly" (Ce qui m'est arrivé) ou “Hyat El Hout" (vie de poisson), où on relève un léger clin d'œil à Dahmane El Harrachi, icône incontournable de l'école de la vie. Tarbaat est une expérience réussie qui s'imprègne sans concession de l'esprit populaire exprimé par la voix d'une jeunesse écorchée. Plébiscité par le public, ce groupe fera parler de lui ! En attendant une recherche plus poussée, qui requiert plus d'audace, un premier album en appellera un deuxième. R. C.