Comment continuer le combat pour l'idéal de la citoyenneté et de la liberté, maintenant qu'une aile des archs a pris langue avec le chef du gouvernement ? Quelles sont les perspectives qu'il faudrait esquisser à même de faire aboutir la problématique sociétale soulevée par la plate-forme d'El-Kseur décrétée “scellée et non négociable” ? Telles sont les questions auxquelles tenteront de répondre les délégués de l'aile “non-dialoguiste” de la Coordination des archs, daïras et communes (CADC) de Tizi Ouzou, aujourd'hui, à l'occasion d'un conclave extraordinaire à Mechtras, daïra de Boghni. Ce regroupement, prévu à 10 heures, sera donc consacré à un débat de fond qui est attendu et souhaité par les représentants des archs. Retracer l'historique des luttes sociales et démocratiques dans la région de Kabylie, y compris l'émergence du mouvement citoyen dont il faudra faire présentement un bilan exhaustif, mais surtout tracer les perspectives pour la dynamique de la protesta citoyenne : voici tracés à grands traits les axes de cette réflexion politique que se proposent les archs “anti-dialogue” pour un véritable débat de fond, mais en toile de fond, le dialogue qui débutera, demain, à Alger entre l'aile “dialoguiste” du mouvement citoyen et Ahmed Ouyahia ne sera sans doute pas omis des débats. Un dialogue que cette aile des archs a déjà rejeté dans la forme et dans le fond. Les délégués de quelque 34 coordinations locales affiliées à la CADC ont déjà eu à expliciter leur rejet de l'offre de dialogue faite par le premier ministre. Pour cette aile restée fidèle aux résolutions consensuelles de Raffour, il faut que le pouvoir reconnaisse d'abord sa responsabilité dans la crise de Kabylie, à l'origine de laquelle il y a eu un crime d'état resté à ce jour impuni. Toujours est-il que les conclavistes de Mechtras n'excluent pas de recourir à des actions de rue pour dénoncer le dialogue qu'ils assimilent à de “la trahison”. Réunie en conclave, jeudi dernier à Iflissen, dans la Kabylie maritime, l'aile de la CADC, hostile au dialogue, considère que “les dialoguistes taïwan bis s'inscrivent dans un processus de perversion de toutes les revendications citoyennes et d'effacement de la mémoire collective de tous les acquis du mouvement et des luttes précédentes chèrement payées”. C'est pour prévenir ces “dérives dangereuses” que les “antidialoguistes” planchent sur les perspectives qu'impose ce nouveau contexte politique. Toutefois, cette aile sera appelée à jauger ses forces sur le terrain. D'ailleurs, des actions de rue seront probablement arrêtées, aujourd'hui, lors de la réunion de Mechtras. Pour leur part, les coordinations locales des Ouacifs et de Beni Zmenzer, qui se définissent comme l'aile “réconciliatrice”, puisque prônant la réunification des rangs des archs de Kabylie, n'excluent pas, elles aussi, de recourir à la rue pour se démarquer du processus du dialogue qui ne vise, selon les “réconciliateurs” que la normalisation politique de la Kabylie, en dévoyant le combat pour l'idéal démocratique que véhicule la plate-forme d'El-Kseur. Y. A.