L'aile “antidialogue” des archs et celle qui prône la réconciliation entre les différentes ailes du mouvement citoyen, assimilent le dialogue entre les archs favorables à la prise de langue avec le pouvoir et Ouyahia à de la trahison, à tout le moins à de la compromission. L'aile de la CADC, farouchement opposée au dialogue, qui a tenu un conclave à Iflissen ce week-end, accuse la mission des archs, qui a signé le protocole d'accord, à l'issue de la rencontre préliminaire, d'avoir bradé les préalables de Raffour, dont la satisfaction est censée être la condition sine qua non pour la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Et pour cause, dans cette négociation préliminaire, “la défiscalisation des commerçants et autres opérateurs économiques de la région est réduite à un simple dégrèvement fiscal”, alors que la sixième incidence, la révocation des “indus élus” intégrée “dans ladite mise en œuvre n'a pour objectif que le descellement de la plateforme d'El-Kseur”. Il s'agit d'une arnaque politique, juridique et historique, estiment les conclavistes d'Iflissen qui qualifient leurs ex-camarades de “renégats”. “À la veille d'une échéance électorale capitale, le chef du gouvernement, en quête de sous-traitants dans la région, a mobilisé de grands moyens financiers pour corrompre des délégués et asservir la Kabylie par l'argent sale”, lit-on dans une déclaration des antidialoguistes à l'issue du conclave de jeudi, c'est ainsi qu'on parle de 25 milliards prélevés dans les fonds d'une banque publique, ajoute-t-on encore dans la même déclaration, qui conclut : “Les dialoguistes taïwan bis s'inscrivent dans un processus de perversion de toutes les revendications citoyennes et d'effacement de la mémoire collective tous les acquis du mouvement et des luttes précédentes chèrement payées”. Pour sa part, l'aile “réconciliatrice” composée des coordinations des Ouacifs et d'Ath zmenzer, prédit une impasse pour le dialogue entamé avec le chef du gouvernement. Dans une conférence de presse animée, hier, à Tizi Ouzou, les deux coordinations “réconciliatrices” considèrent la rencontre préliminaire qui a été sanctionnée par la signature d'un protocole d'accord comme “une sournoise supercherie” qui vise à faire oublier les revendications essentielles. Pour les réconciliateurs, la propension des dialoguistes “à vouloir aller vite en besogne alors que la compromission est au bout du chemin” cache mal des desseins inavoués. Ce dialogue “n'est-il pas un prélude et un conditionnement psychologique pour soutenir Bouteflika qui est de plus en plus isolé par la classe politique qui revendique même le départ de ce gouvernement (…) ?”, s'interrogent les délégués “réconciliateurs”. Ces derniers, loin de diaboliser le dialogue en tant que vertu civilisationnelle, sont convaincus que le dialogue, dans le contexte politique actuel, “ne peut aboutir, au pire, qu'à la compromission et au bradage de trois années de combat, alors que le mouvement aura besoin de toutes ses forces pour continuer le combat”. “Ce dialogue, d'aghuru”, peste un intervenant lors de la conférence d'hier. Autrement dit, un dialogue qui réduit une problématique sociétale, dont le substrat est la plate-forme d'El-Kseur, à une question d'argent et de quittance d'électricité, ne peut que dévoyer le combat citoyen. À ce propos, les conférenciers accusent le pouvoir de vouloir normaliser la Kabylie par ce dialogue qui vise à abâtardir la chose politique dans la région. Une région qui, dans le cas d'un dialogue sérieux, devrait s'engager dans l'unité et non dans la division des rangs. “Pour notre part, seule l'unité des rangs au niveau du mouvement citoyen et des forces démocratiques et du progrès peut garantir de dépasser la crise (…) qu'il serait illusoire de solutionner par un dialogue des plus chimériques”, insiste l'aile “réconciliatrice” des archs, pour qui le pouvoir “mafieux et assassin” est au dialogue ce que les nomades sont à la plongée sous-marine. Alors donc, daghuru ce dialogue ? Y. A.