La 3G veut faire mieux que le métro d'Alger. Pari difficile, mais on peut lui faire confiance à Algérie Télécom. Après tout, si trente années ont été nécessaires pour offrir à la ville d'Alger 9 kilomètres de rail, 51 ans n'ont pas suffi pour équiper les ménages d'une ligne téléphonique fixe, fiable et sans dérangements à répétitions. D'ailleurs, et à titre gracieux, je propose un nom commercial à l'incertaine 3G : “l'Arlésienne" Combien sommes-nous effectivement à payer pour le téléphone fixe, une facture rubis sur l'ongle, sans pour autant disposer d'une ligne en état de marche ? Alors, parler d'internet, ou encore mieux, oser discourir sur la 3G... comme beaucoup d'autres pays d'Afrique, c'est carrément utopique ! Du moins, pas avec les mêmes pratiques en cours, à Algérie Télécom. Nous sommes pourtant africains ! Aujourd'hui, en 2013, dans le continent noir, la 3G est une réalité dans une quinzaine de pays. L'île Maurice et le Botswana viennent même de passer à la 4G. Chez-nous, on continue à discourir. On a le temps. Après tout, nous ne sommes qu'en 1434. En ce temps-là, les autres n'avaient même pas l'eau chaude ! Alors, sommes-nous finalement les maîtres du monde, en avance sur tout... ou alors, il faudra s'atteler au train de la modernité et se dire que non, nous sommes bel et bien en 2013, comme tout le monde et qu'on est résolument en retard. Il va falloir se réveiller, avoir le courage de se regarder dans la glace et se dire quelques vérités. Dernièrement, le premier responsable d'Algérie Télécom l'a fait. Il a estimé que le bilan de l'année écoulé a été tout juste moyen. Que les objectifs fixés n'avaient pas été atteints. Même mieux, il a réalisé que les raisons de cet échec sont d'abord à chercher à l'intérieur de la boîte. Et de poursuivre, “tel que nous voyons les choses, l'entreprise reste fortement bureaucratique et n'arrive pas à concrétiser dans les délais les projets de mise à niveau de son outil de production". Oh, bonjour ! Allo, j'arrive pour une inspection ! Ce n'est pas pour enfoncer davantage le clou, mais il serait juste judicieux de prendre conscience que rien ne changera avec les mêmes méthodes, les mêmes mentalités, pour ne pas dire les mêmes effectifs. “L'habitude est une seconde nature", dit l'adage, mais chez Algérie Télécom, ces habitudes sont tellement bien installées qu'elles sont promues au rang de première nature. Une nature qu'on aura du mal à chasser. Un chantier bien plus ardu que la 3G. Pour vérifier sur le terrain, si besoin est, le “non-fonctionnement" de ces structures, il suffirait de se pointer un jour de semaine, à n'importe quelle heure pour se rendre compte de l'ampleur de la situation ubuesque que vivent les abonnés de cette entreprise monopoliste. Bien entendu, il n'est pas question de débouler, tambour battant, en costume cravate, carte professionnelle de la DG exhibée, et talkie-walkie en main. Juste se présenter avec sa quittance et des réclamations à faire, comme le fait monsieur lambda, tous les jours. Essayer par exemple le centre Larbi-Ben-M'hidi, à la Grande Poste. Pas à Béchar ou à Bouira... en plein centre de la capitale. Ça ne désemplit pas. Il y en a qui font la navette avec leur modem dans la main, comme on promènerait son chien, presque au quotidien. Beaucoup viennent encore s'enquérir de leur ligne téléphonique qui demeure muette depuis l'incendie de l'année dernière. Décembre 2012. Et “naturellement", toute honte bue, on continue à leur envoyer la facture... pour zéro prestation. Mais, le pire, c'est l'ahurissante faiblesse du débit internet (ADSL). Pourquoi faire payer au client un contrat pour un méga, lorsque c'est le cas, et le faire “bénéficier'' d'à peine le dixième de son dû ? Carence technique, indélicatesse ou tromperie, qu'importe, mais, il faut savoir rester honnête, en évitant d'engranger le moindre dinar injustement mérité. Le client est déjà si maltraité ainsi, par la médiocrité des prestations et services d'Algérie télécom. De grâce, épargnez-lui la duperie. Complètement déconnectés ! Vue de l'extérieur, l'image d'Algérie Télécom est des plus dégradée. Et ce n'est sûrement pas son PDG qui nous contredira. Il a à maintes reprises eu l'honnêteté de le reconnaître et le courage d'affronter de front ses troupes en leur disant les quatre vérités de leur secteur. Un secteur appelé à s'ouvrir sur la concurrence au risque de les laisser sur le carreau. “De l'extérieur, les clients, les fournisseurs et les partenaires ainsi que l'environnement en général perçoivent Algérie Télécom comme une entreprise archaïque, bien loin d'être au diapason des évolutions technologiques et de l'attente de ses clients, de ses fournisseurs et partenaires. Cette situation engendre un grand mécontentement des clients sans oublier celui des pouvoirs publics. La situation “critique" dans laquelle évolue l'entreprise doit être prise en charge “rapidement" sinon elle risque de subir la “sanction du marché et du client". Azouaou Mehmel a souligné à cette occasion que le marché de la téléphonie fixe est déjà ouvert à la concurrence à la faveur de la loi 2000-03 et que l'importance que prennent les TIC a poussé les pouvoirs publics à chercher des alternatives aux insuffisances criantes d'Algérie Télécom. Avec tout ça, parler de la 3G aujourd'hui, en Algérie, c'est avoir un penchant très aiguisé de la science-fiction. Non pas que certains techniciens ne soient pas capables de prouesses technologiques, mais c'est tout le reste qui ne suit pas. On le vit au quotidien avec des procédés, pourtant censés être de nos jours archaïques tels que le vieux téléphone fixe ou une banale connexion ADSL correcte. À la vie, comme à la scène, ne compte vraiment que l'élément humain. Sans quoi, on n'avancera jamais. C'est ce maillon faible de la chaîne qui nous fait toujours défaut. Et c'est ainsi que le métro d'Alger a mis 30 longues années pour sortir du tunnel ! R. L. [email protected]