Le processus d'attribution des licences 3g a été suspendu par le ministre des Postes et des NTIC. L'attente est pourtant considérable. L'incapacité de Algérie Télécom de développer l'ADSL prépare t'il l'Algérie à un scénario marocain ? La 3G a été utilisée par les résidents au Maroc alors qu'elle s'adresse d'abord au réseau mobile. Explications. Les Algériens connaitront un jour prochain les joies de la connexion haut débit sans fil. Sauf qu'il y a longtemps que le client algérien a appris à se méfier des annonces, et il aura peut-être raison de ne pas dégainer tout de suite son téléphone 3G. Depuis l'annonce par le ministre des Postes et NTIC, Moussa Benhamadi, du lancement prochain de la 3G en Algérie avec l'attribution des licences d'exploitation aux opérateurs téléphoniques, la presse algérienne s'est rapidement prise d'euphorie, parlant déjà «d'investissement», de «marché à prendre» et «des nouveaux services» d'ores et déjà sur les starting-block, dont l'utilisateur pourra bénéficier, dès le jus lâché. Cela pourrait être plus compliqué. Tout d'abord parce que le gouvernement ne sait pas comment s'y prendre. Il a déjà suspendu la procédure d'attribution des licences. Sans expliquer pourquoi. Sans donner de nouvelles dates. Dans le cas de figure où cette rechute administrative est dépassée dans les semaines qui viennent et que les opérateurs finissent par déployer des réseaux 3G, il faudra tout de même rester prudent sur l'impact immédiat de ce déploiement. Il y a quelques années l'arrivée imminente de l'ADSL en Algérie avait suscité le même enthousiasme. Malgré le retard de son arrivée, les clients conservent un optimisme, soutenu surtout par les spécialistes TIC. Ils rassuraient et se rassuraient aussi «qu'en matière de nouvelles technologies les choses évoluent à la vitesse grand V du haut débit» et que l'Algérie «allait rattraper rapidement son retard -déjà bien creusé- grâce à la concurrence», prenant exemple, pour appuyer leurs analyses, sur le succès de la téléphonie. En 2011, presque tout le monde a presque oublié qu'il y eut une concurrence et des services à valeur ajoutée, le fameux tripleplay que proposait feu l'opérateur Eepad. Quant au haut débit, il faudra se convaincre que notre seul mégabit/seconde (Mb/s) est ce qui se fait de mieux en la matière. Le «résidentiel» a détourné la 3G au Maroc L'expérience des autres pays maghrébins montre que l'Algérie accuse un vrai gap. En Tunisie et au Maroc, les offres plafonnent à 8 Mb/s pour des prix presque équivalents à notre seul Mb/s entre-temps, en Algérie, Algérie Télécom, monopole de fait, n'a toujours pas fait mieux que la Libye sous Kadhafi. Sur la 3G aussi il y a beaucoup à apprendre de l'avance de la Tunisie et du Maroc, qui, évidemment, n'ont pas attendu une date magique du type 2013 - pour s'y mettre. Au Maroc, en 2009, moins d'une année après le lancement de la 3G, le nombre d'abonnés à la nouvelle technologie a vite dépassé celui des abonnés à l'ADSL. La raison principale et inattendue : l'utilisation de la 3G comme connexion «résidentielle». Un contre-pied pour les opérateurs car habituellement la 3G est destinée aux périphériques portables. Mais comme en Algérie, le taux de pénétration de la téléphonie fixe, donc de l'ADSL, au Maroc, est aussi très faible. Avec un peu plus de 3 millions de lignes fixes (un taux de pénétration d'environs 8%), l'Algérie n'a pas pu faire décoller le nombre d'abonnés à l'ADSL. Même la promesse de brancher plus d'un million de lignes à l'ADSL, qui reste très loin de la demande, n'a pu être tenue. Donc il faut probablement s'attendre au même scénario marocain, où la 3G sera plus demandée que l'ADSL, et là, il faudra vraiment des opérateurs solides pour suivre. Mais la 3G est, comme l'ont rappelé tous les ministres de P et T et DG de Algérie Télécom passés depuis une décennie plus vite que leur connexion - un investissement lourd et complexe. Pour un pays aussi vaste que l'Algérie, la difficulté est encore plus accrue. Le Maroc, le pays le plus comparable par la superficie et la démographie, peine, après presque 4 ans du lancement, à offrir des services 3G viables. Les forums sur internet qui en parlent abondent : débit bas et trop fluctuant ; coupures incessantes ; mauvaise couverture réseau tout cela a considérablement freiné le développement de contenu pour les appareils mobiles. Le coûteux déploiement des BTS Le principal problème est ce fameux débit théorique jamais atteint. Quand un marocain s'abonne à l'offre 1.8 mb/s chez un des trois opérateurs, qui se sont alignés sur les prix, on obtient rarement la moitié, et certains internautes habitant les grandes agglomérations, se plaignent de roder, le plus souvent, autour du 0 Mb/s. Techniquement cette chute de débit est normale dans le cas de la 3G, qui est une connexion partagée, contrairement à l'ADSL, qu'on reçoit directement et individuellement de la poste sur la ligne téléphonique. La 3G nécessite pour son déploiement l'installation et le déploiement des BTS (base station transceiver) l'équipement qui permet de se connecter, mais qui selon l'investissement peut contenir un nombre de connexions très limitées. Les opérateurs algériens seront-ils prêts à satisfaire une clientèle avide de se connecter ? La concurrence jouera-t-elle enfin un rôle pour satisfaire l'abonné ? La 3G peut devenir un luxe et les clients devront alors de nouveau se résoudre à attendre le très lent développement de l'ADSL au rythme d'Algérie Télécom. Un luxe reporté à une date inconnue.