“Où va Sonatrach ?" Saison X... est une tragicomédie à rebondissements, dans la catégorie longs métrages, à très gros budgets. Sa particularité : aucun scénariste ne saurait en écrire la fin. Toutefois, ces feuilletons-fleuves auront coûté des milliards de dollars à l'économie nationale, productrice exclusive de cette téléréalité, dont les rôles sont impeccablement campés par des acteurs maison, les plus huppés de la scène algérienne et les mieux payés au monde. En somme, de gros légumes pour un navet ! L'histoire se passe dans un pays où tous les (coûts) sont permis et tous les miracles sont réalisables. Rien n'est impossible ni trop cher pour ces comédiens débarqués d'ailleurs. De quoi démentir l'adage qui dit que “nul n'est prophète en son pays". “De Hollywood à Tamanrasset" Ainsi, de Hollywood à Tamanrasset, il y a Alger, capitale de l'Algérie, métropole de Sonatrach. Hollywood aura été, sans conteste, la bonne école de ces acteurs appelés à camper les rôles principaux des feuilletons “Où va Sonatrach ?" Et de l'autre versant de la planète Terre, il y a Tamanrasset. Une région des plus reculées et enclavées, mais riche en ressources naturelles, propres et renouvelables, telles que l'ensoleillement. Elle est aussi, très éloignée. Plus de deux mille kilomètres la séparent du nord, lieu de tournage de la tragicomédie et de toutes les décisions politiques. Cette ville du grand Sahara national abrite des Algériens à la sagesse légendaire. Légendaire, mais pas sans limite. Lorsque le désert économique, social, culturel... constitue votre quotidien, il n'est pas aisé de garder son calme. Dans les environs, toujours dans le Sud, la quiétude a viré à la colère. L'on estime, dans ces vastes et paradoxalement riches territoires, qu'il y a injustice. Qu'il n'y a rien pour occuper les jeunes, gagner honnêtement sa vie et se fixer dans sa région d'origine. D'autant que l'unique ressource du pays provient des sols du Sahara. Les gens du Sud le savent parfaitement et ils ne sont pas satisfaits de l'utilisation faite de cette richesse naturelle. Mais, pour ne pas être content, c'est tout le peuple algérien qui ne l'est pas. Des quatre coins du pays, l'exacerbation est de plus en plus grande quant à l'appropriation et détournement des deniers de l'Etat par les acteurs qui occupent les premiers rôles de la scène algérienne. Silence, on tourne ! Ils savent surtout que le film n'est pas tiré d'une fiction, qu'en Algérie il n'y a pas de cinémas, que les malversations sont réelles, que l'argent est vrai et que la justice ne lèvera pas le petit doigt. Finalement, si, la super production “De Hollywood à Tamanrasset" a fait rire bon nombre de cinéphiles et téléspectateurs, le dramatique navet “Où va Sonatrach ?" fait déjà pleurer plus d'un. C'est tout le peuple qui craint le pire avec la faillite annoncée d'une entreprise, unique mère nourricière, vouée à une mort programmée. Sonatrach, c'est l'Algérie et, à ce titre, elle doit être défendue contre l'ennemi, comme l'a été l'Algérie, un certain 1er novembre 54. De la même manière que pour la révolution algérienne, tous les enfants de ce pays doivent se mobiliser pour défendre son or noir. Juger les dépeceurs de fonds, chasser leurs sponsors, tuteurs, protecteurs et fossoyeurs de puits. Une fois cette action de purification réalisée, l'on se doit de regarder loin... au-delà du lointain et vaste sous-sol du Sahara. Regarder vers des horizons nouveaux. L'éolien, le solaire, l'agriculture, les fonds marins... regarder loin, mais avec un regard dépourvu du seul intérêt mercantile et cupide qui a souvent aveuglé les yeux de certains prédateurs, propulsés aux premiers rôles. Gageons que la justice vaincra... même si le salut devra venir des tribunaux internationaux, on applaudira quand même le courage et la loyauté des juges, italiens ou canadiens, peut-être même algériens... pour écrire la fin de cette tragicomédie “Où va Sonatrach ?" [email protected] R. L. Nom Adresse email