Le ministère de la Communication, visiblement dépassé par la tournure prise par cet acte de censure, a tenté d'en minimiser la portée. Après la censure des deux quotidiens, Mon journal et Djaridati, appartenant à Hicham Aboud, par le ministère de la Communication, sous prétexte que les deux journaux ont diffusé des informations relatives à la santé de Bouteflika, le parquet général près la cour d'Alger s'est saisi de l'affaire et a ordonné des poursuites judiciaires à l'encontre du directeur de la publication des deux quotidiens. Il est, en effet, poursuivi pour “atteinte à la sécurité de l'Etat, à l'unité nationale et à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions", précise un communiqué du parquet. Le même communiqué souligne, par ailleurs, que Hicham Aboud “a tenu des propos tendancieux sur certaines chaînes d'information étrangères, dont France 24, sur l'état de santé du président de la République". Selon toujours le parquet, il a déclaré que l'état de santé du chef de l'Etat “serait dégradé, allant jusqu'à déclarer qu'il serait dans un état comateux", et “compte tenu de l'impact négatif direct de ces rumeurs sur l'opinion publique nationale et internationale et eu égard au caractère pénal de ces propos infondés, le parquet général près la cour d'Alger a ordonné des poursuites judiciaires à l'encontre du concerné". De son côté, le ministère de la Communication, visiblement dépassé par la tournure prise par cet acte de censure, a tenté, dans l'après-midi, d'en minimiser la portée en expliquant qu'“il n'a jamais été question de censure". Le ministère n'a donné “aucun ordre de censure" de ces quotidiens qui continueront à être imprimés par les imprimeries publiques, a-t-on indiqué de même source. “C'est le directeur de ces publications qui a initialement accepté de renoncer à leur impression après les observations qui lui ont été faites sur le non-respect de l'article 92 de la loi organique relative à l'information", a ajouté à l'APS la même source. Aussi, le ministère s'étonne “de la campagne lancée par le directeur du journal" qui a indiqué que ses journaux ont été saisis samedi soir à l'imprimerie. Les deux journaux “donnaient des informations erronées" et “totalement fausses" sur l'état de santé du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a encore ajouté la même source, sous le sceau de l'anonymat. L'affaire de la censure des deux quotidiens d'Aboud Hicham remonte à samedi, lorsque le responsable de l'imprimerie aurait informé le ministère de la Communication que les deux titres comportaient un dossier, sur deux pages, traitant de l'état de santé de Bouteflika. Les deux quotidiens ont consacré, en effet, un dossier sur la santé du chef de l'Etat, où il était mentionné que “Bouteflika est rentré au pays le mercredi vers 3h du matin et serait dans un coma profond". Aussitôt les deux journaux envoyés à l'imprimerie, le ministre de la Communication, averti par le responsable de l'imprimerie, avait demandé de retirer les deux pages du dossier de chaque quotidien. Pour le responsable des deux quotidiens, il était techniquement impossible de les retirer. D'ailleurs, ils ont préféré ne pas imprimer les journaux et ne pas diffuser l'information sur les sites des deux quotidiens. “Je suis respectueux de la santé du Président", nous a déclaré hier matin Hicham Aboud, directeur de publication de Mon journal et de Djaridati. “S'il s'agissait d'un dossier sur la corruption ou la malversation, je l'aurais publié sur le Net et sur les journaux le lendemain", a-t-il ajouté. Pour lui, “cet acte est pire que la censure". Il s'agit d'“une interdiction de parution", a-t-il estimé. À propos des informations contenues dans le dossier, Hicham Aboud estime que “ce scoop" est “une pure vérité". “Ils ne pouvaient pas me démentir", a-t-il souligné, avant d'ajouter que “s'ils avaient la possibilité de démentir mes propos, ils auraient diffusé des images du Président à la télévision, comme ils l'ont fait en mars 2010, lors de la venue de Zidane". “Ce qu'ils ont fait est grave", a-t-il insisté, avant de préciser que “c'est la première fois qu'un journal est interdit de parution depuis le retour de Bouteflika aux affaires". Pour Hicham Aboud, “c'est une maladresse" qui “n'est autre que la conséquence de la mauvaise gestion de la communication officielle". Cette mauvaise gestion de la communication “concerne le pays depuis belle lurette", a-t-il encore ajouté. À propos de la santé de Bouteflika et les informations répandues par les officiels, M. Aboud estime que le Président est élu par le peuple. Donc, indique-t-il, “le peuple a le droit de savoir qu'en est-il de la santé de celui qu'il a élu". Pour rappel, le chef de l'Etat est hospitalisé depuis le 27 avril à l'hôpital militaire français du Val-de-Grâce pour “un accident ischémique transitoire" qui ne laisserait, selon ses médecins, “aucune lésion irréversible". Les informations relayées sur la santé du Président se contredisent et ouvrent ainsi la voix à toutes les spéculations. Depuis le séjour du chef de l'Etat au Val-de-Grâce, il est difficile de faire la part de la vérité et de la rumeur, tant que les informations rapportées à ce propos sont sujettes à contradiction et que la communication officielle, très réservée sur le sujet, ne fait état que de l'amélioration de l'état de santé de Bouteflika, mais de l'autre côté, les Algériens s'interrogent sur les raisons de cette absence prolongée du Président. M M Nom Adresse email