Les nouveaux titres de Hichem Aboud étaient absents des kiosques hier. La raison : un dossier sur la santé du président de la République. Une affaire de censure comme seul l'ancien collaborateur de Lakhal Ayat à la délégation générale de la sécurité préventive, sait en concocter. Retour sur 24 heures d'élucubrations, de censure et de mauvaise communication. Tard dans la soirée d'hier, un article publié par le site Internet d'un confrère annonce que «les deux quotidiens appartenant à Hicham Aboud, Mon journal et Djaridati, viennent d'être interdits de parution par le ministère de la Communication, en raison d'un dossier consacré à l'état de santé de Bouteflika». Selon le site, «les numéros de dimanche 19 mai des quotidiens Mon journal et Djaridati, ont été saisis ce samedi soir à l'imprimerie et interdit de parution, sur décision du ministère de la Communication, qui a demandé à l'éditeur de retirer les deux pages de chaque numéro, consacrées à Bouteflika». L'auteur de l'article affirme que «le ministère de la Communication a demandé à Hicham Aboud de retirer les deux pages, s'il voulait que son journal soit imprimé, ce qu'il a refusé de faire». «Techniquement, il était impossible de remplacer les deux pages, même si on le voulait», aurait déclaré l'éditeur. Mais selon une source du ministère de la Communication dans une déclaration à l'APS, il «n'a jamais été question» de censure concernant les quotidiens appartenant à Aboud Hichem. Le ministère n'a donné «aucun ordre de censure» de ces quotidiens qui continueront à être imprimés par les imprimeries publiques, ajoute la même source. «C'est le directeur de ces publications qui a initialement accepté de renoncer à leur impression après les observations qui lui ont été faites sur le non-respect de l'article 92 de la loi organique relative à l'information», a ajouté à l'APS la même source. Aussi, le ministère «s'étonne-t-il de la campagne lancée par le directeur du journal» qui a indiqué que ses journaux ont été saisis samedi soir à l'imprimerie. L'article 92 de la loi stipule que le journaliste «doit notamment respecter les attributs et les symboles de l'Etat, avoir le constant souci d'une information complète et objective, rapporter avec honnêteté et objectivité les faits et événements et rectifier toute information qui se révèle inexacte». Les deux journaux «donnaient des informations erronées» et «totalement fausses» sur l'état de santé du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a-t-on souligné. Dans la matinée d'hier, le directeur de publication des deux quotidiens avait fait le tour des rédactions des télévisions d'information continues en adoptant la position de la victime dans cette affaire. Il affirmait n'avoir jamais négocié avec quiconque le retrait des articles tendancieux et que «ses informations étaient sûres». Hors, selon d'autres sources, Hichem Aboud tentait de négocier avec certaines parties en charge du dossier après qu'il eut appris que «le parquet général près la Cour d'Alger a ordonné des poursuites judiciaires» à son encontre pour «atteinte à la sécurité de l'Etat, à l'unité nationale et à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions». «Suite aux propos tendancieux tenus sur certaines chaînes d'information étrangères, dont France 24, par le dénommé Aboud Hichem, sur l'état de santé du président de la République selon lesquels il se serait dégradé allant jusqu'à déclarer que le chef de l'Etat serait dans un état comateux, et compte tenu de l'impact négatif direct de ces rumeurs sur l'opinion publique nationale et internationale et eu égard au caractère pénal de ces propos infondés, le parquet général près la cour d'Alger a ordonné des poursuites judiciaires à l'encontre du concerné pour atteinte à la sécurité de l'Etat, à l'unité nationale et à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions», précise un communiqué de presse du parquet. Cette «affaire» est condamnable à plus d'un titre. La censure ne peut être tolérée. Mais au regard des déclarations des uns et des autres, des négociations ont bel et bien eu lieu entre le directeur des deux journaux et des responsables au niveau du ministère de la Communication. La décision de Hichem Aboud de ne pas retirer les deux pages incriminées est due à des considérations «techniques», selon ses propos. Mais il faut dire que l'auteur et journaliste n'en est pas à sa première affaire médiatique. A une question d'un journaliste du Quotidien d'Algérie sur le fait qu'il n'expose jamais les preuves qu'il dit détenir, Hichem Aboud avait répondu «quand le principal concerné ne répond pas, ne fait pas de démenti, ne demande pas à voir ces preuves et être confronté à mes témoins, pourquoi voulez-vous que je les exhibe. Ces preuves restent mes atouts. Je n'écris pas de bides. Je suis quelqu'un de crédible, qui travaille sur la base de dossiers et de preuves». Il semble que cette fois-ci, que le principal concerné va demander à voir. Et le «mythe» Hichem Aboud, pourfendeur des généraux, risque de s'effondrer. A. E.