Le parti islamiste Attahrir l'avait prédit avant-hier dans son communiqué. Le face-à-face a bien eu lieu entre islamistes et forces de sécurité aussi bien à Kaïrouan, où devait se tenir le meeting du dangereux groupe islamiste Ansar Charia, qu'à Tunis dans le quartier populaire dit Attadhamoun, situé en banlieue ouest. C'est dans un quartier fief de l'islamisme, et qui a enfanté les plus dangereux voyous de la capitale tunisienne, où le mouvement Ansar Charia a décidé de tenir son congrès. Il avait changé de stratégie dans l'espoir de dérouter les services de sécurité sur place à Kaïrouan, pour “déporter" son congrès au quartier Attadhamoun. Tôt le matin et suite à l'appel lancé par leurs chefs de s'abstenir de se rendre à Kaïrouan, des centaines de partisans du Ansar Charia ont commencé à envahir la localité de Douar Hicher, région très pauvre, fief de criminels, d'islamistes et de prostituées. Les forces de l'ordre étaient déjà présentes sur les lieux et renforçaient leur présence aux abords de ce quartier. Vers le milieu de la journée, les sirènes des véhicules de sécurité ont commencé à retentir en se dirigeant vers le quartier le plus dangereux de la capitale. Peu de temps après, un hélicoptère militaire a marqué sa présence dans le ciel et en tournoyant autour de la zone. Des affrontements ont éclaté entre forces de l'ordre et salafistes dans ce quartier où le mouvement djihadiste Ansar Charia a appelé ses militants à se réunir, faute d'avoir pu tenir son congrès à Kaïrouan. Les islamistes ont jeté des pierres sur les policiers, qui ont riposté par des gaz lacrymogènes et des tirs de sommation. Selon certaines sources, pas moins de 11 000 policiers étaient mobilisés à Kaïrouan. Le gouverneur de cette localité, Abdelmajid Laghouan, a indiqué que les affrontements ont éclaté suite à la tentative des forces de l'ordre de faire sortir des membres d'Ansar Charia de leur hôtel, situé à Bab Jalladine. Les policiers ont répliqué aux jets de pierres par le gaz lacrymogène, dans une zone étroite et commerciale, précise Abdelmajid Laghouan. L'on dénombrait jusqu'à 17h, la mort d'un jeune homme appartenant à la mouvance salafiste décédé à l'hôpital Mondji-Slim de la Marsa à l'issue des affrontements, selon le ministère de l'Intérieur dans un premier bilan des affrontements. Onze policiers, dont un grièvement, et trois manifestants ont été blessés. La même source a précisé que parmi les 3 manifestants blessés, un est dans un état grave. Les agents de sécurité blessés ont été agressés à l'arme blanche et par des cocktails Molotov. Le nombre de protestataires, selon le ministère de l'intérieur est estimé à 700. Le ministère a évoqué un “retour relatif au calme" sans donner plus de précisions sur la nature des blessures, ni sur le nombre d'émeutiers interpellés. Toutefois, la police et des centaines de salafistes mêlés à des voyous qui s'adonnaient à des actes de pillage et de vol, s'affrontaient toujours, en début d'après-midi et les forces de l'ordre essuyaient des jets de cocktails Molotov. Après le bouclage de toutes les issues de ce quartier, les émeutiers se sont repliés vers le quartier voisin d'Intilaka. Au quartier Attadhamoun, certains militants salafistes étaient armés de bâtons, d'autres d'armes blanches et brandissaient la bannière noire de leur mouvement. Les salafistes voulaient manifestement quitter ces quartiers pour se diriger vers le centre-ville à l'avenue Habib-Bourguiba, précisément, mais les forces de sécurité se sont interposées en usant de gaz lacrymogène. Enfin, une source sécuritaire a indiqué hier en fin de journée que le ministère de l'Intérieur a décrété le quartier Attadhamoun (gouvernorat de l'Ariana) “zone sécuritaire fermée". Un couvre-feu pourrait être décrété dans les heures qui viennent. I. O. Nom Adresse email