Comme on s'y attendait, les forces de sécurité tunisiennes se sont déployées en force sur la grande place à Kairouan où devait se tenir le congres d'Ansar achariaâ. Plus de 110 000 policiers et forces de l'ordre ont été mobilisés, empêchant la tenue du congrès à Kairouan. Finalement, les islamistes ont décidé de reporter leur rassemblement pour le 26 du mois prochain. En dépit du dispositif important des forces de sécurité, des affrontements ont éclaté entre les policiers et les islamistes qui ont tenté de se regrouper par groupe. Dès la matinée, un émir de l'organisation islamiste, «Seïf Eddine Raïs» a été interpellé alors qu'il voulait intimider les forces de l'ordre en s'adonnant à un «footing». Après son arrestation, il a été conduit vers une destination inconnue. D'autres informations ont circulé faisant état de la présence probable de l'émir national d'Ansar achariaâ, Abou Iyadh, à Kairouan et ce, pour assister au 3e meeting. Ce dernier aurait été aperçu dans une maison à El-Mansoura avec un groupe de salafistes djihadistes. Toutefois, lorsque la brigade antiterroriste a débarqué sur lesdits lieux, il n'y était plus. Il paraît qu'Abou Iyadh a eu vent de l'assaut de la brigade, ce qui lui aurait permis de quitter sa cachette avant l'arrivée des forces de sécurité Des patrouilles des agents de l'ordre ont aussi eu lieu dans les environnements des mosquées où les participants au congrès d'Ansar Chariaa ont choisi de passer la nuit. Vers 10 heures de la matinée, le Syndicat des journalistes tunisiens a appelé les agents de la sûreté, les membres et partisans d'Ansar achariaâ à ne pas cibler les journalistes lors de la couverture des événements de Kairouan. Dans le même communiqué, le SNJ tunisien a demandé aux journalistes d'être prudents et de prendre des précautions et à enfiler leurs dossards de presse. «Les journalistes sont appelés également à se déplacer en groupe et de se replier derrière les forces de sécurité en cas de danger. Multipliant les patrouilles, les policiers ont fait usage des gaz lacrymogènes aux alentours de la mosquée Oqba-Ibn-Nafaâ pour disperser des groupes islamistes qui tentaient de se regrouper. Au niveau de Bab Jalladine, la situation est encore plus compliquée par des échanges de jets de pierre qui ont lieu entre les forces de la police et les citoyens, ont indiqué des sources sur place. Ces derniers semblent être exaspérés par l'usage massif des gaz lacrymogènes ce qui a déclenché, de la part de certains, des répliques violentes. Selon plusieurs sources, la situation semble être tendue et des affrontements ont éclaté dans plusieurs endroits de la ville. Une anti-islamiste, la militante du mouvement Femen en Tunisie, une certaine «Amina» a été arrêtée après avoir réussi à taguer le nom de son groupe «Femen» sur le mur de la mosquée Oqba-Ibn-Nafaâ. Cet acte, qui lui a valu la rancœur et la colère des habitants des lieux, a obligé les forces de police à procéder à son interpellation pour garantir sa sécurité. Vers midi, un communiqué émanent des dits «chouyoukh» du courant salafiste a été rendu public aux partisans d'Ansar achariaâ à se retirer de Kairouan en douceur, en attendant la tenue du congrès dans les semaines à venir. Dans le même communiqué, les salafistes appellent le gouvernement à délaisser la politique d'intimidation et de répression envers les islamistes. S'adressant au gouvernement, les salafistes ont interpellé le gouvernement lui rappelant ses engagements à savoir : l'application de la chariaâ. «Vous avez été élu pour appliquer la chariaâ qui est une demande populaire, vous devriez tenir votre engagement», ont scandé les salafistes. Afin de desserrer l'étau sur leurs acolytes à Kairaoun, plusieurs partisans d'Ansar achariaâ ont tenté de se regrouper dans la capitale. Après avoir installé une tribune et accroché des banderoles à la cité «Ettadamoune», les forces de l'ordre sont intervenues en lançant des bombes à gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Les islamistes ont répliqué avec les pierres et ont tenté de mettre le feu à des édifices publics. Au moins un policier a été blessé par des projectiles des islamistes. A 15 heures, un communiqué d'Ansar achariaâ a été mis en ligne indiquant que le congrès a été reporté d'une semaine et sera tenu le 26 mai prochain. Dans les coulisses, les dirigeants d'Ennahda auraient rassuré leurs «frères» d'Ansar achariaâ sur la possibilité de l'accord du gouvernement si toutefois, les organisateurs suivent la procédure et déposent une demande auprès du ministère de l'Intérieur, 3 jours avant le jour (J). En somme, si le pire a été évité hier à cause du déploiement en masse des forces de sécurité, le danger «islamiste» en Tunisie demeure entier.