Des rappeurs tunisiens ont diffusé, hier, une nouvelle chanson défiant la police en réaction à la condamnation de Alaa Yaâcoubi, alias Weld El 15, à deux ans de prison ferme pour un morceau jugé insultant pour la police. "Vous avez des armes et des menottes, nous avons le rap, des micros et un crayon pour dire mille et une insultes", clamaient collectivement neuf rappeurs vedettes, dans un morceau intitulé Lâchez Weld El 15. La justice a condamné jeudi Alaa Yaâcoubi, 25 ans, à deux ans de prison ferme pour sa chanson Boulicia kleb (Les policiers sont des chiens). "Pardonnez-nous les chiens ! Nous avons pensé que vous étiez des hommes à dépasser la faute, à changer les choses, nous vous insultons, vous nous insultez... et vous frappez", dit la chanson mise en ligne et largement relayée sur les réseaux sociaux. "Oui à la liberté du viol et non à la liberté du rap", chante le groupe, en référence au viol d'une jeune fille par trois policiers, une affaire qui avait fait scandale fin 2012 en Tunisie. M. Yaâcoubi s'était rendu de son propre gré à la justice après trois mois de cavale à la suite de sa condamnation par défaut en mars à deux ans de prison. Il a été aussitôt incarcéré alors que ses partisans espéraient un acquittement. La police a brutalisé des artistes, journalistes et blogueurs qui manifestaient leur colère après cette condamnation et le syndicat des journalistes avait dénoncé une attaque "ciblée" et réclamé une enquête. Le gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda est accusé par l'opposition et des ONG de vouloir imposer une nouvelle dictature en adoptant les pratiques utilisées sous le régime déchu de Zine El-Abidine Ben Ali. Nom Adresse email