Dans le cadre de la 5e édition de Cinéma sous les étoiles, l'association Cinémémoire a présenté, samedi dernier, deux courts métrages réalisés par des familles européennes datant des années 1930 et 1950. L'association Cinémémoire, qui collecte des films de famille, amateurs et professionnels, possède plus de deux cents images sur l'Algérie. Le président de cette association, Claude Bossion, était présent à Annaba dans le cadre de la cinquième édition de la manifestation cinématographique, Cinéma sous les étoiles. À cette occasion, il a présenté une série de films courts sur la ville de Bône datant des années 1930 et 1950. "Depuis 2008, nous avons développé le projet mémoire partagée sur des images d'archives de familles dans les colonies françaises", a-t-il indiqué. L'objectif de cette initiative est de "restaurer un dialogue" entre les populations. Pas moins de 1 800 heures d'images sur Marseille et Provence sont dans les fonds d'archives de Cinémémoire et un total de "500 heures sur le Madagascar, le Maghreb et Indochine. Pour l'Algérie, nous possédons environ deux cents heures", a-t-il fait savoir. Parmi ces images : La Casbah des années 1920, des familles à Bab El-Oued, ou alors des manifestations à Oran de 1958. Pour sa venue à Annaba, Claude Bossion a proposé à la salle des courts métrages sur la ville. Nos vacances de Pâques à Bône la Coquette en 1938 est une production d'une dizaine de minutes réalisée par une famille européenne. Un pur moment de bonheur qui a permis la redécouverte de la région et ses beaux quartiers, notamment le port, la basilique St-Augustin et la gare. Mais, dans ce film, on perçoit un certain regard français ; la présence coloniale. Les Européens s'amusaient sur les plages, sortaient et habitaient les beaux quartiers. Quant aux Algériens, le malaise social transparaît sur leur visage. "Ces images racontent une époque, ce qui nous pousse à collecter et poursuivre cette initiative. Par contre, en montrant ces films sur l'Algérie, une question revient à chaque fois : et les films algériens ?" a-t-il expliqué. Et d'ajouter : "Avec le réalisateur Ahmed Zir, nous avons réuni nos forces pour collecter des films après l'Indépendance." En fait, toutes ces imagés récoltées par l'association sont retraitées et numérisées pour leur sauvegarde de la mémoire collective et afin "de produire une réflexion sur ces images". Le deuxième film proposé est Envoi d'office, réalisé par le mari d'une enseignante qui a été mutée à Annaba en 1958 contre son gré. Dans cette vidéo familiale, le couple semble vivre dans une autre sphère, loin de la guerre. "J'ai contacté cette femme, elle m'a narré qu'à l'époque, la journée c'était plutôt calme et ils en profitaient pour la réalisation de leur film et pour sortir", a indiqué Claude Bossion. À propos des films de famille, les Européens de l'époque filmaient seulement le "bon" côté du colonialisme : le marché, les sites, les vacances à la mer... Quant aux crimes de guerre, ils étaient souvent "filmés par les appelés français à l'encontre du règlement". Ces images d'archives permettraient aux historiens "d'avoir une ambiance sur cette époque", mais ces images (aussi bien des familles que des appelés) ne peuvent constituer des "documents" de travail. Cette rencontre avec Claude Bossion a permis à l'assistance de redécouvrir Bône la Coquette, loin de la dégradation d'Annaba d'aujourd'hui. Programme de la journée : n À 16h à l'IF Annaba : projection de Winter le Dauphin. À l'ex-lycée Pierre-et-Marie-Curie : à 19h30, concert du groupe Jarka ; à 21h, projection de le Voile brûlé de Viviane Candas (en sa présence). H. M. Nom Adresse email