Pour la dernière journée de la manifestation “Ayyam El Aflam”, le Centre national de recherches anthropologiques et historiques du Musée du Bardo, a abrité samedi après-midi, un atelier animé par le cinéaste Claude Bossion autour de son association Cinémémoire, qui fait un travail de cinémathèque, et son site web. Après trois jours de projections non-stop à la salle Ettaqafa (ex-cinéma ABC), un atelier a été organisé, samedi dernier, par l'association Cinémémoire, animé par son président, Claude Bossion. Il a été question lors de cet atelier d'une présentation de cette association et de ses principales activités, en plus d'une mini-projection d'images déclinées en couleur et en noir et blanc à partir d'archives de particuliers dans les ex-colonies françaises en Afrique du Nord. L'assistance a eu droit aussi à un inédit retrouvé par l'association Chrysalide : une projection d'un film amateur tourné par un cinéaste algérien dans l'Oranie, et qui remonte aux années 1950. Le cinéaste Claude Bossion, qui avait présenté dans la matinée son film-documentaire, Mémoires d'Outre-Mer, réalisé en 1997 à partir d'archives familiales, a présenté l'association Cinémémoire qu'il préside à Marseille et son site web gratuit en construction. En fait, l'association Cinémémoire collectionne, numérise, documente et archive des films de familles et de films amateurs. Elle fait partie de l'Association européenne des Inédits et fait un travail de cinémathèque. Cinémémoire possède déjà 200 heures d'images, 400 heures documentées et 400 heures visionnables sur Internet. Claude Bossion a débuté cette activité d'archivage en 1992, lors de la création, avec un collectif de réalisateurs à Paris, de l'association Circuit-Court qui a créé et fait sien le concept de “création de films sans qualité”. Bossion explique : “On voulait faire des films sans attendre les subventions qui prennent généralement trop de temps. On faisait des films en Super 8, et on avait une folle envie de pratiquer la caméra.” Le cinéaste a aussi évoqué l'histoire de son film, Mémoires d'Outre-Mer : “Je suis tombé tout à fait par hasard sur un lot de films fait par des missionnaires en Afrique du Nord, dans un marché aux puces. J'avais en ma possession 200 heures d'images qui remontent aux années 1950”. A présent, Claude Bossion et son association Cinémémoire prônent une esthétique amateur reposant sur les surimpressions et les perforations. Il a aussi expliqué lors de cet atelier comment les gens pouvaient accéder aux archives de l'association. En fait, le site web, gratuit, est divisé en deux parties : la partie grand public et la partie professionnels. Quant aux déposants, ils sont à peu près 300 jusqu'à présent. Tous les droits appartiennent à Cinémémoire mais les déposants signent une convention avec l'association, qui leur versent 30% des droits à chaque projection. Durant cet atelier, il a aussi été donné à voir à travers les projections, des séquences de la vie des colons et des “indigènes” évoluant en Algérie : des archives personnelles et des plans internes qui soulignent cet “exotisme”, cet imaginaire indissociable de la colonisation. Contrastant avec l'exotisme européen, le document tourné par le cinéaste algérien dans l'Oranie et qui a filmé un mariage traditionnel s'est appuyé sur des plans externes. Des prises de vue que seul quelqu'un qui filme son pays pouvait prendre. L'association Cinémémoire, qui s'inspire du modèle des cinémathèques, fait un travail indispensable que celui de l'archivage de la mémoire privée. Cinémémoire pourrait, à son tour, servir de modèle et inspirer les jeunes cinéastes algériens. Sara Kharfi