Vingt et un ans après sa disparition tragique, Slimane Amirat demeure toujours autant respecté par les Algériens. Même la nouvelle génération connaît l'auteur de la phrase devenue célèbre : "À choisir entre l'Algérie et la démocratie, je choisirai l'Algérie.'' Né le 24 juillet 1929 à Takerboust, daïra de M'chedallah, wilaya de Bouira, Slimane Amirat avait à peine 26 ans lorsqu'il rejoignit les rangs de l'ALN et c'est Abderrahmane Mira qui découvrira très rapidement ses qualités d'homme de terrain et son dynamisme hors du commun. Il sera ainsi sollicité pour rejoindre l'Hexagone pour faire un travail de sensibilisation auprès de la communauté algérienne installée en France. Au mois de mars de l'année 1955, Amirat Slimane sera désigné par le FLN pour organiser et conduire les groupes de choc de la région parisienne contre les messalistes du MNA. Une mission qu'il accomplira sans faillir jusqu'en 1958, avant d'être arrêté et incarcéré par les autorités coloniales. Envoyé dans les geôles de Constantine et à El-Djarf dans la wilaya de M'sila, Slimane Amirat, malgré les rudes conditions de sa détention, poursuivra la lutte. À sa libération, il retourne en France avec de faux papiers pour reprendre le commandement du groupe armé de la région parisienne. Au cours de l'année 1961, un des hommes du groupe est appréhendé et la police française, sous la torture, lui extorque le nom de Slimane Amirat comme étant son chef. Il sera arrêté de nouveau et connaîtra les affres de la torture dans les geôles françaises au camp de Saint-Maurice de l'Ardoise, puis au camp de Larzac. Libéré au cessez-le-feu, il devra sa vie sauve à une manifestation organisée par des étudiants algériens et français à Paris. De retour à Alger, Slimane Amirat devient responsable des groupes armés à Bouzaréah et El-Biar et combattra sans merci les éléments de l'OAS jusqu'au conflit des wilayas. Alors que Ben Bella est au pouvoir, Amirat Slimane s'engage dans les forces de police où il exercera dans un premier temps à Tlemcen avant de rejoindre Alger. De nouveau, l'exil sera son lot quotidien jusqu'en juin 1965. Jusqu'en 1967, il gérera une agence d'assurance, et c'est à ce moment qu'avec Krim Belkacem et d'autres militants de la cause nationale, il sera à l'avant-garde d'un projet qui lui tenait vraiment à cœur, à savoir la création d'un nouveau mouvement d'opposition qui est le Mouvement démocratique du renouveau algérien. Mouvement né le 18 octobre 1967 et qui suscitera une réponse violente du pouvoir en place. Arrêté le 10 juillet 1968, il sera, une fois de plus, incarcéré et tenu au secret pendant plus de 9 mois avant d'être condamné à la peine capitale par la cour révolutionnaire d'Oran. Après une grève de la faim de 17 jours et une autre de 25 jours, c'est dans un état comateux qu'il sera évacué à l'hôpital universitaire d'Oran. Il connaîtra alors successivement les cachots du pénitencier d'Oran, de Berrouaghia où il séjournera durant deux années, avant d'être transféré pendant 6 mois à El-Harrach. Le 23 juin 1975, Amirat Slimane est enfin libre alors qu'il venait de perdre son père une semaine auparavant. Après l'avènement du multipartisme, le MDRA est officiellement reconnu et agréé le 19 janvier 1990. Acteur incontournable dans la vie politique au début des années 1990, Slimane Amirat s'imposera par ses principes, son franc-parler et sa vision moderne d'une Algérie qu'il souhaitait radieuse et prospère. L'homme, ce moudjahid, ce martyr, s'en est allé un certain 1er juillet de l'année 1992, terrassé par une crise cardiaque, alors qu'il se recueillait sur le cercueil de son ami et compagnon d'armes, le défunt Mohamed Boudiaf, assassiné deux jours auparavant. A. Hafidh Bessaoudi Nom Adresse email