L'événement exceptionnel, qui a caractérisé, cette année, la commémoration du 51e anniversaire de l'indépendance nationale, a été la venue d'Oran de la fille (59 ans) d'un ancien moudjahid d'origine espagnole inconnu des jeunes générations – Salom Vicente, qui a milité activement, durant la guerre de libération, à El Affroun – accompagnée de son époux (algérien) et de leurs enfants. Ancien républicain, né en 1914, condamné à mort par le régime de Franco, Salom s'exile en Algérie, à la fin de la guerre civile, avec des membres de sa communauté dont celui qui deviendra son beau-père. Agriculteur, arboriculteur, agrumiculteur hors pair, après Béchar, il s'établit avec ses compatriotes, pour de nombreuses années, à Mohammadia (ex-Perrégaux) et y travaille la terre de riches colons, plante, greffe, taille agrumes et oliviers, entre autres. Selon des témoignages vivants, dont celui du moudjahid et ami, hadj Mohamed Sadok, 80 ans, Salom, pour qui le travail de la terre n'avait pas de secret, a beaucoup appris aux jeunes ouvriers agricoles algériens. Sur un même oranger, il greffait jusqu'à 8 variétés. En 1953, il épouse Séraphina Navarro à Perrégaux où, condamnée à mort et après 5 ans de détention en Espagne, elle avait rejoint son père. En 1957, le couple avec enfant s'installe à El-Affroun où déjà le laborieux Salom était employé dans les exploitations agricoles de colons. Il louera par la suite des terres qu'il exploitera. Très vite, "Si Kaddour" (nom de guerre) se rapproche de militants de la guerre de libération, assiste à leurs réunions, les héberge, les nourrit et les déplace : dans une charrette tirée par un âne, sous une montagne d'herbe il camouflait armes et moudjahidine. Son épouse embrasse, à son tour avec conviction, la cause algérienne en prenant beaucoup de risques. Sur dénonciation, il sera arrêté par la police coloniale et torturé, puis expulsé vers le Maroc. A Berkane, il est récupéré par le camp militaire de l'ALN. A l'indépendance, il rentre à Misserghin avec sa famille et gardera des liens forts avec ses frères de combat. Salom l'Algérien (comme ses filles et petits-enfants), qui n'a jamais revu son pays d'origine, décède en 1988 et repose, depuis, aux côtés de son fils Vincent-Benaïssa (du nom de son grand ami chahid) et de son beau-père au cimetière d'Oran. Sa terre d'adoption, celle de son épouse, de son beau-père, et terre natale de ses enfants, il l'a travaillée avec courage et amour sans s‘accorder de répit jusqu'à la fin de sa vie. Grâce à l'initiative de Hamdène Bouslimani, responsable de la section d'El-Affroun pour la mémoire de la Wilaya IV historique, et du concours du P/APC Faïçal Medjadji, un grand militant de la cause nationale oublié a été ressuscité. Ce n'était que justice. F S Nom Adresse email