La date du 11 décembre a été l'occasion pour la Fondation du Mémorial de la wilaya IV historique, et à sa tête le Dr Youcef Khatib et son vice-président Djamel Bennaï (l'un des acteurs des manifestations du 11 Décembre qui avait rejoint l'ALN en 1956, à 17 ans), de se déplacer à El-Affroun, à l'invitation du fils d'un ancien moudjahid et membre de la Fondation, Hamdène Bouslimani. Dans la salle des fêtes où se sont retrouvés dans une ambiance bon enfant des anciens moudjahidine venus de différentes wilayas ( la wilaya IV s'étendant, à l'époque, sur 10 wilayas actuelles), des responsables locaux et des membres de la société civile, un court métrage saisissant sur les témoignages d'anciens militants algérois ayant participé activement aux manifestations (tels Zoheir Abdellatif, Si Mouloud, Si Abdelmalek, Djamel Bennaï…) a suscité un vif intérêt auprès de l'assistance. Le Dr Youcef Khatib ou colonel Si Hassen et Djamel Bennaï se sont relayés pour rappeler la situation politique de l'époque et le contexte dans lequel ces manifestations (“organisées et non spontanées”, a tenu à préciser Youcef Khatib) qui se sont soldées par un bilan de 800 morts et 1000 blessés musulmans, se sont déroulées mais encore la différence entre “ce qui s'est passé à Aïn Témouchent et à Alger” et la détermination du peuple qui aura eu un écho formidable à travers le monde. Dans un langage simple, ils ont laissé parler leur mémoire et leur savoir. Si Djamel, surnommé pendant la Révolution “la clé du Sahel”, a évoqué, au passage, non sans émotion, son compagnon, le chahid Rouchaï Boualem dit “Si Zoubir”, tombé le 11 janvier 1960 dans la rue Lamartine, à Belcourt. Une conférence riche d'enseignements qui a été suivie d'un débat. Ces deux chefs historiques qui ont rédigé leurs mémoires (pour le premier, elles sont achevées, pour le second, en cours de l'être) ont toujours fait preuve, à travers leurs déplacements dans les différentes wilayas de la wilaya IV historique, et dans le cadre des activités de la Fondation, de leur souci de réunir des témoignages sur ce qui s'est passé, durant la Révolution, dans cette wilaya. Et, parce que “personne n'a fait l'histoire seul”, pour reprendre les mots de Youcef Khatib, la Fondation poursuit les recherches et témoignages jusque dans des endroits reculés. F. Seman