Quand des partis politiques parlent du retour de Bouteflika sur un fauteuil roulant en soulignant sa "bonne santé", il faut craindre que la convalescence nationale se poursuive encore pour un bon bout de temps. Peut-être même pour longtemps. S'il n'y avait pas ces images montrant le chef de l'Etat manifestement malade après une hospitalisation-convalescence de 80 jours, le tour serait bien joué et certains seraient tentés de croire en la sincérité de cette autosatisfaction partagée qu'affichent, plus ou moins grossièrement mais avec une égale maladresse, le FLN, le RND et le nouveau venu de la cour, le Taj de Amar Ghoul. Quand on se plie au jeu de la transparence, il faut en assumer les retombées : les images de Bouteflika sur un fauteuil roulant valent plus qu'un bulletin de santé. Et le communiqué officiel de la Présidence de la République, lui aussi diffusé au nom de la transparence, qui faisait état d'une "rééducation fonctionnelle" et d'une "période de repos" qui doivent se poursuivre, ne fait que confirmer l'incapacité de Bouteflika à reprendre ses fonctions. Cela étant, les réactions des partis du pouvoir ont peut-être le mérite de révéler les intentions de ce dernier. Bouteflika ne rendra pas le tablier de lui-même et la mise en œuvre de l'article 88 de la Constitution qui doit aboutir à une déclaration de vacance de la Présidence de la République n'est pas à l'ordre du jour. Certes, le règne de l'actuel chef de l'Etat s'achève. Il n'a certainement pas l'ambition de briguer un quatrième mandat. Mais il a besoin de rester en poste durant les neuf mois qui nous séparent de la prochaine élection présidentielle pour concocter une Constitution qui va organiser la succession. Une Constitution sur mesure pour une succession sur mesure. Les deux devant porter les paraphes consensuels des uns et des autres. Contraint de se passer des services de son chef, le régime n'a plus qu'un seul point à son agenda : se trouver un nouveau parrain. Et l'on sait que, même sur leur lit de mort, les parrains finissants pèsent toujours sur la succession. Au-delà des affaires courantes que sont la présidence des Conseils des ministres, les nominations ou les messages de vœux à ses homologues étrangers, la feuille de route de Bouteflika se confond, aujourd'hui plus que jamais, non seulement avec celle de son régime, mais avec celle du système dans sa globalité. Oui, il faut craindre une prolongation de la convalescence nationale. Nom Adresse email