La salle Ibn Khaldoun a accueilli, pour deux soirées consécutives (dimanche et lundi), les derviches tourneurs de Konya. Un spectacle de chant et de danse fascinant, riche en émotion, qui a laissé le public algérois admiratif. Avec leurs airs, leurs chants et leur danse spirituelle, les derviches tourneurs de Konya ont rempli la salle Ibn Khaldoun, lundi. Ils ont proposé un programme articulé autour de deux parties. En guise d'introduction, la première partie était musicale ; d'anciens morceaux turcs ont été interprétés. La deuxième partie était plutôt spirituelle, et s'est articulée autour de l'entrée en scène des derviches tourneurs, qui ont subjugué l'assistance par leur prestation, au point où un silence quasi religieux s'est installé dans la salle – ce qui est rare dans nos salles de spectacles. Un profond silence pesait sur la salle. Réceptive, l'assistance suivait chaque pas et chaque rotation des derviches. Lors de ce spectacle envoûtant, le temps s'est dilaté et le rythme s'est alourdi. Un voyage culturel, musical et spirituel a été offert au public, où chaque mélodie soufflée au ney traditionnel faisait voyager le spectateur dans le temps et l'espace. Connue et sollicitée dans le monde entier, la troupe des derviches tourneurs se produit pour la deuxième fois en Algérie, après un premier passage en 2009. De cette nouvelle prestation en Algérie, un des derviches de la troupe nous a déclaré : "Ce passage est meilleur que le précédent. Nous avons reçu plus de spectateurs, qui étaient d'ailleurs très intéressés." Intéressé, passionné ou curieux, le public était en tout cas au rendez-vous. L'ordre des derviches tourneurs existe depuis plusieurs siècles. Fondé au XIIIe siècle par le mystique Jalal Al-Din Ar-Rûmi, surnommé "Mevlana" ("Mawlana" ou notre maître), cet ordre est présent dans certaines cultures et sociétés orientales, notamment en Turquie, en Iran, en Syrie et en Egypte. Ce que les personnes extérieures à l'ordre trouvent folklorique ou attrayant est en fait une prière menant à l'union suprême avec Dieu. Les derviches tourneurs sont des religieux musulmans, appartenant à l'ordre soufi des Mevlevi. Appelés derviches (du persan darwich, qui signifie pauvre), ils vivent en ascètes dans des couvents, les tekke, que l'on trouve à Istanbul et à Konya en Turquie. Depuis plusieurs siècles, les derviches entrent en communion avec le Tout-Puissant par la danse. Lors des cérémonies, ces derniers, vêtus d'une longue tunique blanche et d'une toque cylindrique en poil de chameau, pivotent sur eux-mêmes, en traçant des cercles autour de la piste. Cela peut durer de dix à trente minutes. La position de leurs mains est symbolique : la droite levée vers le ciel recueille la grâce divine que le derviche transmet à la terre de la main gauche tournée vers le sol. Leurs rotations se font de plus en plus rapides jusqu'à ce qu'ils entrent dans un état de transe. Ces rotations symbolisent la rotation des planètes autour du soleil. Le cercle représente la loi religieuse ; en son centre se trouve la vérité suprême, le Dieu unique qui communiquerait avec les hommes par l'intermédiaire du derviche. En outre, la troupe est officiellement conduite aujourd'hui par Faruk Hemdem Celebi, 20e arrière-petit-fils d'Ar-Rûmi. Par ailleurs, jeunes et moins jeunes étaient satisfaits du spectacle. Beaucoup l'ont défini comme un "voyage" à son issue. Cependant, une question aussi vieille que le phonème des derviches trottait dans l'esprit de tout le monde. Comment font-ils pour ne pas avoir le tournis ? F Y N Nom Adresse email