Dans le cadre du programme spécial Ramadhan 2009, intitulé les nuits de «med'h» et d'«inched» organisé par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) à la salle Atlas, vendredi prochain dès 22h, le grand public est convié à assister à un surprenant spectacle soufi turc de deux heures présenté par la troupe des derviches de Konya produite à Alger par Abdelkrim Sekkar. Originaire de Konya, la ville où a été fondée la confrérie soufie des Mevlevi, La troupe de derviches tourneurs présentera au public algérien la «Sema», une cérémonie religieuse dansée dont l'origine est attribuée au sage et poète mystique Mevlana Jalaleddin Rumi. Mystique, poète, penseur, Rumi, auteur du Mesnevi, imposant recueil de milliers de vers, célèbre dans tout le monde arabo-musulman, est connu sous le nom de Mevlana (le maître), d'où dérive par assonance le nom de la confrérie. Profondément assoiffé de quête spirituelle, montrant dès son jeune âge d'étonnantes prédispositions mystiques, Djallaledin Rumi deviendra le maître spirituel de son temps. Depuis sept siècles, les disciples de Mevlana entrent en communion avec le Tout-Puissant par la danse. La position de leurs mains est symbolique : la droite levée vers le ciel recueille la grâce divine que le derviche transmet à la terre par la main gauche tournée vers le sol. Dans la présentation de la cérémonie de la «Sema», il est souligné que «la danse des derviches est en fait une prière, menant à l'union suprême avec Dieu». Ayant une dimension cosmique, elle symbolise la rotation des planètes autour du Soleil. Le cercle représente la loi religieuse qu'embrasse la communauté musulmane. En son centre se trouve la vérité suprême, le Dieu unique qui est l'essence même de l'islam et qui communique avec les hommes par l'intermédiaire du derviche. Dès lors, la danse extatique permet au derviche d'accéder à un état de communion avec Dieu. Chaque détail du rituel est empreint de symbolisme : le manteau sombre dont les danseurs se dépouillent avant d'entrer en mouvement représente l'enveloppe matérielle à laquelle l'homme renonce avant de s'unir à Dieu ; les larges robes blanches évoquent le suaire et les toques coniques, le sépulcre. Il est aussi précisé dans la fiche présentative du spectacle qu'associés à la danse, le chant et la musique tiennent une place essentielle dans le rituel mevlevi. Par la conjugaison du souffle et des mouvements corporels, le zikr (dhikr en arabe, invocation du Nom divin) est censé mener les derviches à l'extase. Quant aux instruments, à côté du kanoun (cithare) et du bendir (tambour sur cadre), les deux instruments les plus emblématiques du soufisme turc sont le ney, flûte de roseau dont le son épuré évoque le chant de l'âme, et le tambûr, un luth au long manche dont seuls les Turcs ont conservé l'usage. Après une prière au prophète Mohammed, le nat, les derviches saluent le cheikh puis se saluent entre eux. Après ces salutations, la danse rituelle commence et se conclura par des salutations au cheikh, des prières et des invocations, puis par une lecture de certains versets du Coran. Les derviches de Konya représentent l'un des aspects les plus envoûtants de la culture mystique de la Turquie et de l'islam, ils se produisent dans le monde entier et sont présents en Algérie à l'occasion du mois sacré dédié à la méditation et à la ferveur spirituelle. S. A.