Les partisans du président destitué, Mohamed Morsi, appellent à une nouvelle manifestation hier pour défier les autorités qui retiennent l'ex-chef de l'Etat islamiste au secret et ont précisé leur menace contre les milliers de pro-Morsi occupant deux places du Caire. Ce bras de fer avec le pouvoir, installé par l'armée, qui s'est engagé à disperser sur les places Rabaa Al-Adawiya et Nahda des milliers d'islamistes campant depuis plus d'un mois avec femmes et enfants inquiète la communauté internationale qui craint un nouveau bain de sang. Depuis l'expiration dimanche d'un ultimatum de la police, les islamistes multiplient les appels à défiler à travers l'Egypte, déterminés à maintenir la pression sur les nouvelles autorités pour exiger le retour au pouvoir du premier président élu démocratiquement du pays, destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet. Au lendemain de la prolongation de 15 jours de la détention préventive de M. Morsi, accusé de s'être évadé de prison avec la complicité du Hamas palestinien, l'Alliance contre le coup d'Etat a ainsi lancé un appel à une manifestation d'"un million de personnes". En plaçant cette journée sous le slogan "Ensemble contre le coup d'Etat et les sionistes", ils tentent, au-delà de leur mot d'ordre traditionnel, de faire vibrer la corde nationaliste après un raid aérien sur le Sinaï, attribué par des djihadistes à Israël, qui, selon les médias israéliens, coopère étroitement avec l'armée égyptienne sur le dossier sensible de la sécurité dans la péninsule. Si les autorités ont annoncé qu'elles disperseraient les pro-Morsi de façon "graduelle", cherchant à persuader certains manifestants d'évacuer pacifiquement avant de lancer l'assaut contre les plus déterminés, le nombre de manifestants ne faiblit pas à Rabaa Al-Adawiya et Nahda. Sur Rabaa, plus important des deux rassemblements, le village de tente était encore endormi, sous la bonne garde de dizaines de volontaires postés devant les fortifications improvisées : des tas de briques et de sacs de sable empilés. Alors que le gouvernement et la presse quasi unanime les accusent d'être des "terroristes" ayant stocké des armes automatiques sur les deux places et se servant des femmes et des enfants comme "boucliers humains", les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, répètent à l'envi que leurs rassemblements sont pacifiques. Les dirigeants de la police et de l'armée seraient, eux, prêts à intervenir, mais les réticences de figures politiques, comme le vice-président et prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, les poussent à la prudence sous peine de perdre des cautions morales indispensables, estiment les experts. Alors que la transition, qui doit mener à des élections début 2014, peine à se mettre en route, Ahmed Al-Tayyeb, grand imam d'Al-Azhar, plus haute institution sunnite qui avait apporté sa caution à l'armée le 3 juillet, a annoncé qu'il avait invité toutes les parties à venir négocier un compromis. Les Frères musulmans ont affirmé n'avoir reçu aucune invitation et refusent catégoriquement de dialoguer avec les autorités "illégitimes". R. I./Agences Nom Adresse email