Affrontements - Au moins 75 partisans du président égyptien destitué Mohamed Morsi ont été tués dans des affrontements avec la police tôt ce matin sur la route de l'aéroport du Caire. C'est le chiffre avancé ce matin dans un autre bilan des affrontements qui émane d'un hôpital de campagne géré par les Frères musulmans et qui va ne s'alourdissant d'heure en heure. Cet hôpital de campagne installé par les partisans de M. Morsi à la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le faubourg de Nasr City, dans le nord-est du Caire, a en outre fait état de 1.000 blessés dans des heurts avec la police sur la route de l'aéroport, non loin de la mosquée, a rapporté l'agence officielle Mena. Dans un bilan antérieur, cette même source faisait état d'au moins 23 morts parmi les fidèles du président déchu dans des heurts qui ont éclaté lorsque la police est intervenue pour empêcher des manifestants pro-Morsi de bloquer un pont routier, selon les autorités, assurant que les policiers n'ont fait usage que de gaz lacrymogènes et ont eu huit blessés dans leurs rangs. Les autorités avaient renforcé la sécurité hier vendredi dans tout le pays pour cette journée à hauts risques où les deux camps entendaient compter leurs forces, alors que les violences liées aux troubles politiques ont fait plus de 200 morts en un mois. Les forces armées doivent également faire face à une rébellion dans la péninsule du Sinaï, où des hommes armés ont encore tué un civil et blessé cinq soldats hier vendredi. Toute la nuit la tension est restée palpable. Ce matin encore, de nouveaux affrontements ont éclaté entre forces de l'ordre et islamistes. Dans une interview télévisée et revenant sur le campement dressé depuis près de trois semaines par des milliers de partisans de M. Morsi autour de la mosquée Rabaa al-Adawiya, le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim, a déclaré qu'il y "aurait bientôt des décisions du procureur pour mettre fin à cette situation". Il tiendra au titre de cette intervention à souligner qu'«il y sera mis un terme dans le cadre de la loi». Au cours de l'entretien, il a été demandé au ministre si, "en ce qui concerne le sit-in dans le secteur de la mosquée) Rabaa al-Adawiya, il y avait une quelconque intention de l'armée ou de la police de briser ce sit-in". Mohammed Ibrahim a répondu qu'il "y a eu des plaintes, de la part des résidents (du quartier de) Rabaa ou de Nahda (proche du lieu du sit-in des partisans de M. Morsi, ndlr) et le procureur prendra rapidement une décision, et cette situation prendra fin, si Dieu le permet". Ils étaient des millions à manifester hier dans tout le pays, les uns à l'appel de l'armée contre le "terrorisme", les autres en faveur du rétablissement dans ses fonctions de M. Morsi, des rassemblements antagonistes qui avaient aux premières heurts déjà fait sept morts à Alexandrie (nord). Les pro-Morsi ont souligné que ces heurts sanglants faisaient suite au discours du chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, demandant aux Egyptiens de descendre massivement dans la rue « vendredi « pour lui donner "mandat d'en finir avec le terrorisme".