Elles étaient 86 artisanes à venir participer au festival du tapis d'Aït Hichem, qui s'est ouvert dimanche et qui s'étalera jusqu'au 22 août. "Il n'enrichit pas, mais il permet de vivre modestement. On se souvient toutes qu'il nous a évité des misères à un moment ou à un autre. Alors même s'il est fatigant, il nous colle à la peau. Il est notre passion", résume Tassadit Aït Rahmoune. Malgré son âge de 73 ans, cette vieille femme paraissait très en forme. Pour elle, il était hors de question de manquer le rendez-vous avec l'art du tissage de tapis à Aït Hichem. Comme elle, elles étaient 86 artisanes à venir participer au festival du tapis d'Aït Hichem qui s'est ouvert dimanche et qui s'étalera jusqu'au 22 du mois en cours. Pour cette quatrième édition, le slogan était "La promotion et le développement du tissage", et le pari était de réunir exclusivement les artisanes spécialisées dans le tissage du tapis. Pari réussi. Dans tous les stands placés à l'école primaire d'Aït Hichem et qui se sont étendus jusqu'aux classes de cours de l'école fondamentale mitoyenne, il n'y avait point de bijoux, de vannerie ou autres produits artisanaux. Que du tapis ! Des chefs-d'œuvre accrochés l'un à côté de l'autre au les murs. À la manière dont ils sont tissés et fignolés, les tapis exposés se déclinaient comme un fruit mûr de tout ce talent et long apprentissage jalousement préservé par des mains féminines qui le transmettent de génération en génération. "J'ai commencé à tisser en 1955, à l'âge de 15 ans. Quand j'ai perdu mon mari, maquisard, j'avais deux enfants qu'il fallait faire vivre. C'était grâce au tissage qu'ils ont grandi. Aujourd'hui, je ne tisse pas beaucoup mais j'initie des jeunes filles à ce métier", nous explique Tassadit Aït Rahmoune, soucieuse de la relève dans une configuration sociale où la jeune femme s'oriente beaucoup plus vers autre chose que le métier traditionnel. Nombreuses sont comme elle, ces femmes qui contribuent chaque jour à préserver ce métier aussi vieux que les sentiers du village. Certaines d'entre elles ont été honorées pour cela. Nna Djazira, Ouiza, Kheloudja, Tounsia, Mezhoura et Ldjoher ont été de ces femmes honorées en présence du président d'APW, Hocine Haroun, le directeur de la culture, Ould Ali Hadi, le directeur de l'artisanat, M.Ghedouchi, et le président d'APC d'Aït Yahia. Aujourd'hui, l'heure n'est plus à la sauvegarde du tissage du tapis. Le temple a été, comme de tradition dans la culture berbère, bien gardé par les mains magiques des femmes du village. En atteignant 86 exposants spécialisés dans le tapis, 16 ateliers et 7 métiers à domicile renseignent sur l'ampleur prise par la production du tapis. L'heure est plutôt à sa promotion. À la recherche de débouchés commerciaux pour que le tapis d'Aït Hichem, labellisé et estampillé depuis la 2e édition du festival, ne devienne pas un simple article de musé. À ce titre, le président d'APW n'a pas cessé de réaffirmer sa volonté d'accompagner la promotion de ce métier ; et le directeur de l'artisanat de souligner qu'une commission de wilaya a été installée pour l'étude des demandes de subvention auprès du Fonds national d'aide aux métiers de l'artisanat, que quatre centres d'artisanat qui seront dotés de locaux pour la commercialisation des produits d'artisanat seront bientôt réalisés, en plus du musée des arts du tissage. En attendant la concrétisation, à Aït Hichem on compte organiser un symposium pour débattre des moyens qui permettront la pérennisation de cette activité et une amélioration de ses retombées commerciales et touristiques. S. L Nom Adresse email