La Fête du tapis est aussi une opportunité de comprendre les étapes d'exécution d'un tapis, commençant par le pré-tissage, comprenant le bobinage, l'ourdissage et le montage de la chaîne. Le coup d'envoi officiel de la 3e édition de la Fête du tapis d'Aït Hichem, dans la daïra de Aïn El-Hammam, a été donné avant-hier en présence d'une foule nombreuse, par les autorités de wilaya de Tizi Ouzou, notamment, le wali, le P/APW et le directeur de la culture. Une rencontre autour du métier du tapis a regroupé plusieurs artisans qui, en cette occasion, ont exposé leurs produits artisanaux composés entre autres, de la poterie, de la broderie, des habits traditionnels et bien évidemment le tapis, azetta, qui est à l'honneur. Les tisseuses d'Aït Hichem, qu'elles travaillent à domicile ou dans des ateliers d'apprentissages privés, ont présenté leurs œuvres réalisés avec brio. Na Tassadit, rencontrée à côté de son métier à tisser, nous relatera un bout de son épopée avec le tapis, une patience qu'elle étale sur un tapis aux couleurs chatoyantes. “J'ai commencé ce métier à 15 ans, c'était en 1955. Puis, on fut contraint d'arrêter de tisser durant la Révolution. Après l'indépendance, j'ai repris ce travail, à l'instar de beaucoup de femmes du village. Ce métier était un gagne-pain pour nous, surtout durant les années 1980, au moment où le tourisme dans la région était encore prospère, mais depuis un moment, les ventes du tapis ont enregistré une nette régression." C'est dire que le tapis ne nourrit plus les familles à Aït Hichem, mais il est question, pour ces tisseuses, de la sauvegarde de ce patrimoine matériel ancestral. De son côté, Ould Ali El Hadi, directeur de la Culture de la wilaya de Tizi Ouzou, ajoutera : “Le Festival du tapis d'Aït Hichem, tout comme la fête de la poterie de Mâatkas, est une halte et un point de rencontre qui vise la perpétuation du tissage et sa sauvegarde. C'est aussi un point de rencontre pour les artisans et un espace d'enseignement qui permet la transmission de ce métier pour exister encore." Aït Hichem garde toujours dans son souvenir l'histoire de ces braves femmes qui ont pu transmettre le flambeau, citant entre autres, Germaine Chantréaux, Nna Ouardia n'Ath Abdesslam, Nna Taous, Nna Ghnima. Ce festival est une occasion de rendre également hommage à l'un des fondateurs et ex-président, jusqu'en mars 1993, de l'association Tiliwa, organisatrice de l'événement, en l'occurrence Aït Ali Slimane Larbi. La fête du tapis et aussi une opportunité de comprendre les étapes d'exécution d'un tapis, commençant par le pré-tissage, comprenant le bobinage, l'ourdissage et le montage de la chaîne. Selon les tisseuses d'Aït Hichem, leur tapis se caractérise par la symétrie des dessins et motifs qui le composent. Elle se recoupe dans le sens longitudinal et transversal. “Les représentations et figures géométriques consacrées sont la ligne brisée, le losange et le triangle. La ligne brisée orne souvent les pourtours de la surface du tapis, les jeux de triangles et de losanges parcourent l'intérieur du tapis. Les couleurs employées à l'origine étaient des couleurs naturelles, sélectionnées de laine de mouton et qui sont le beige foncé, le roux, le noir, le blanc écru. Actuellement d'autres couleurs sont introduites notamment, du vert bouteille, le blanc, le grenat et l'orange." Derrière leur métier à tisser, les tisseuses d'Aït Hichem tissent un parcours, celui de leur vie. Un monde de symboles qu'elles étalent, aux prix de leurs forces, sur une surface douce et colorée. C'est également un métier et une culture qui se perpétue. K T