L'ex-président égyptien Hosni Moubarak, renversé par une révolte populaire début 2011, a quitté la prison pour un hôpital militaire du Caire avant d'être relâché probablement demain. Le tout dans une indifférence quasi générale des Egyptiens. Le général al-Sissi ne l'a pas oublié et sa libération n'a fait ni chaud ni froid au Caire! Les événements se sont précipité comme si l'armée dont Moubarak a été le chef d'orchestre voulait effacer les images de ses apparitions au tribunal alité derrière une cage en fer. Sa remise en liberté a étonnamment suscité peu d'émoi au Caire où ses partisans ont même pu célébrer sa libération. Egypte L'ex-pharaon est assigné à résidence dans un hôpital militaire en attendant son procès demain, le même jour que celui des leaders des Ikhwan ! Ironie du calendrier : le jour de la reprise de son procès doit s'ouvrir celui des dirigeants des Frères musulmans arrêtés par l'armée après le coup d'état contre Morsi et ses partisans le 3 juillet dernier. Le guide suprême Mohammad Badie de la confrérie des Frères musulmans et ses deux adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, doivent comparaître pour "incitation au meurtre" de manifestants anti-Morsi et anti Frères musulmans le 30 juin, journée de mobilisation massive pour réclamer leur départ. Depuis et jusqu'à la semaine dernière, près d'un millier de personnes ont péri, pour l'immense majorité des pro-Morsi, quand militaires et policiers se sont lancé dans une répression sanglante de leurs manifestations et arrêté plus d'un millier d'islamistes. Le dernier en date est Ahmad Aref, porte-parole de la confrérie. Face au coup porté aux Ikhwan avec l'arrestation de ses chefs et l'autorisation donnée aux forces de l'ordre pour tirer contre les contrevenants, les islamistes peinent depuis à mobiliser, seules quelques centaines de personnes tout au plus manifestent encore. Autre ironie de l'histoire : les têtes pensantes des Ikhwan sont incarcérées dans la prison de Tora du Caire, celle-là même où a séjourné Moubarak et où lui-même avait encagé durant son règne des islamistes. Evidemment, pour faire passer la couleuvre, l'armée a recouru aux arguties du genre : le raïs déchu a 85 ans, il a une santé vacillante et les charges retenues contre lui sont trop opaques ! À voir, surtout que peu après son élargissement, la Suisse a annoncé se pencher de nouveau sur le dossier du gel des fonds placés chez elle par lui, soit plus d'un demi-milliard d'euros. Réseaux sociaux et médias sont loin de l'effervescence habituelle. La charge symbolique de la libération de Moubarak est forte, elle le restera encore. La question est de savoir si elle ne constitue pas le palier d'un retour franc à l'ordre ancien ? D. Bouatta Nom Adresse email