Les concertations entre le quartet parrainant le dialogue national et les partis de la Troïka sont dans l'impasse. Et la crise politique n'est pas près de trouver son épilogue. Mais au vu des agissements de certaines parties et les manigances politiques confirmées, tout laisse croire que c'est cousu de fil blanc. Le discours de Ben Jaâfar, mercredi soir, sur la chaîne de Télévision nationale, se voulait celui de l'apaisement, mais n'a pas semblé contribuer à changer la donne au sein du paysage politique national. Lors de l'ouverture, jeudi, du congrès de l'Union régionale du travail de Tunis (UGTT), Houcine Abassi a laissé entendre que l'option du dialogue est toujours à l'ordre du jour et que les différents protagonistes sont plus que jamais pressés de consentir les concessions, même les plus douloureuses. D'aucuns s'interrogent si ces dernières ouvrent une brèche dans cet imbroglio installé, le 4 septembre, et menaçant de retourner à la case départ. Autrement dit, le discours du président de l'Assemblée nationale constituante a suscité des réactions, notamment chez la classe politique. Le leader du courant populaire, Mourad Amdouni, a estimé que le discours de Mustapha Ben Jaâfar est une manœuvre censée améliorer la condition de la Troïka lors du dialogue.Pour lui, la valeur symbolique du militantisme de Ben Jaâfar est usée. Pour sa part, Issam Chebbi, porte-parole du parti Républicain, a laissé entendre que Ben Jaâfar a démontré qu'il a décidé, en dépit de la situation actuelle, de reprendre la semaine prochaine les travaux de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Pour M. Chebbi, la date du 10 octobre annoncée par Mustapha Ben Jaâfar, pour l'achèvement des travaux de l'ANC, n'est pas raisonnable, l'assemblée n'ayant pas encore repris ses travaux. "De toute façon, plusieurs dates ont été annoncées par le gouvernement, et aucune d'elles n'a été acceptée", a-t-il dit, notant que ce gouvernement doit "être dissout et remplacé par un gouvernement de technocrates qui ne se présentera pas aux prochaines élections". Lazhar Akremi, porte-parole du parti de Beji Caïd Essebsi (Nidaa Tounes), a déclaré que Mustapha Ben Jaâfar "n'a pas pris au sérieux les mobilisations des députés retirés et du peuple tunisien, ajoutant que son discours n'a rien apporté de nouveau à la crise actuelle". Au niveau de l'UGTT, le ton est à l'apaisement, mais pas à n'importe quel prix : "Houcine Abassi a bien laissé entendre que les concertations peuvent reprendre, mais à condition que la Troïka consente clairement les concessions que tout le monde attend et, en premier lieu, la démission immédiate du gouvernement Laârayedh." "Les négociations ne reprendront que sur la base de concessions sérieuses. Nous exigeons des messages clairs de la part de la Troïka. Pour le moment, il n'y a pas de rencontre programmée pour les jours à venir entre le quartet et la Troïka", a-t-il martelé. Le premier responsable de la centrale syndicale, réagissant au discours de Mustapha Ben Jaâfar, a indiqué que "le président de l'ANC fait l'objet de plusieurs pressions auxquelles il a fini par céder, sans parvenir à concrétiser sa promesse initiale, à savoir la levée de la suspension des travaux de l'ANC conditionnée au démarrage du dialogue national". "En tout état de cause, la réunion de la Commission administrative nationale de l'UGTT est toujours à l'ordre du jour et ce sont les membres de cette même commission qui décideront de ce que la centrale syndicale ouvrière va faire à l'avenir", a-t-il conclu. Pour l'heure, les pourparlers entre le pouvoir conduit par les islamistes du parti Ennahdha (Renaissance) et l'opposition (incarnée par l'Union générale tunisienne du travail, l'UGTT) sont suspendus, dans l'attente que ce dernier touche auprès de différentes factions politiques les prémices d'un consensus. "D'ici la convocation fin de cette semaine ou début de la semaine prochaine de la commission administrative de l'UGTT, nous espérons voir des signes encourageants de la part des partis politiques, afin de reprendre le dialogue et sortir du gouffre", a préconisé M. Ayari, secrétaire général adjoint. I. O. Nom Adresse email