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Le vent de l'été 73e partie
Publié dans Liberté le 09 - 09 - 2013

Résumé : Djamel se réveille au petit matin et constate que Nacéra avait passé la nuit sur une chaise. Il lui prend la main, et ce contact la réveille. Elle demande à Djamel de lui dire toute la vérité, car ce qu'on lui avait déballé au commissariat l'avait horrifiée. Est-ce vrai qu'il épousait des femmes pour les escroquer ?
Il déglutit :
-La coïncidence du début était justement une femme bien plus âgée que moi. Elle était mon professeur à l'université, et me faisait une cour assidue. Un jour, elle est venue dans ma chambre pour me proposer de l'argent, afin que je l'accompagne à une réception. Elle me disait qu'elle avait été déçue par la vie et voulait savoir ce qu'on ressentait lorsqu'on est avec un homme plus jeune que soi.
-Et tu avais accepté de lui servir de cavalier...
Il hausse les épaules :
-Je voulais me faire un peu d'argent. J'étais encore étudiant et je manquais de moyens pour l'achat de livres, de maquettes, et même parfois d'un sandwich. Alors j'ai tenté l'expérience avec elle et, ma foi, je n'étais pas du tout mécontent. Non seulement elle m'offrait le gîte et le couvert, mais me remettait aussi des sommes d'argent qui faisaient rêver. Cela dura un temps.
À la fin de mes études, je décidais de changer de ville. Le travail manquait, et je devais trouver le moyen de gagner ma vie. Je rencontre alors un ancien ami de mon père qui, justement, était architecte et cherchait un assistant. Il me proposera de travailler pour lui afin de l'aider et en même temps acquérir de l'expérience. "Les études, me dit-il, sont faites juste pour donner un avant-goût. On apprend tous les jours dans mon métier, et chaque fois qu'il y a des nouveautés, nous nous retrouvons comme des novices dans le domaine."
Pour cela, il me proposera aussi de l'accompagner dans ses voyages à l'étranger afin d'approfondir mes connaissances et d'apprendre toujours plus. C'était la meilleure façon de s'affirmer. Je peux dire que j'ai eu de la chance de le rencontrer au bon moment. Je travaillais d'arrache-pied. Il fallait se sacrifier pour atteindre l'objectif désigné. Mon patron était content de mon rendement et m'encourageait en m'offrant d'autres stages dans des pays qui étaient non seulement plus développés que le nôtre, mais qui offraient d'autres opportunités dans le domaine de l'architecture, de la décoration et dans l'art en général. L'architecture est pour eux un art à proprement parler.
Un art où ils excellaient et innovaient tous les jours.
J'étais comblé... Mais ayant toujours vécu comme un orphelin, je me suis mis à chercher de la compagnie... Je préférais bien sûr les femmes aux hommes. J'étais jeune et beau, et je séduisais par mon allure et mon sourire. La gent féminine n'était pas insensible à mon charme. Alors je décidais de tenter ma chance et de me faire un peu d'argent. Je tombais facilement sur des femmes mûres et prêtes à offrir leur fortune pour revivre un peu leur jeunesse. Elle voyaient en moi le Don Juan qui allait les combler, elles n'hésitaient pas à me faire elles-mêmes des propositions galantes. Tu ne vas pas le croire : j'avais un agenda bien garni... (Il rit).
Chaque jour, c'était une nouvelle conquête... J'en faisais même des jalouses que je m'amusais à taquiner. Elles tombaient toutes alors dans le piège de la séduction et payaient le prix fort pour me garder le plus longtemps possible auprès d'elles.
Des années passèrent ainsi. Je songeais à me marier, mais je n'avais pas rencontré encore celle qui ferait battre mon cœur... Je t'assure que c'est la vérité, Nacéra... Je croyais en l'amour, et ce sentiment pour moi était sacré. En dehors de mes aventures galantes, je ne suis pas un homme dépourvu de sentiments...Hélas ! Je ne savais pas que j'allais à ma destruction en fréquentant ces femmes qui me payaient pour "m'acheter", car c'était le cas. Je me vendais pour quelques heures.
Fatigué d'errer dans des pays étrangers, je décidais de rentrer au pays. J'avais assez d'argent pour m'installer à mon compte et repartir à zéro. Je rêvais d'avoir un foyer, une femme et des enfants.
Je travaillais bien et gagnais suffisamment pour me permettre une vie de faste. Je pouvais voyager lorsque j'en ressentais le besoin, manger dans de grands restaurants, m'acheter des vêtements à la page et m'offrir ce dont j'avais envie sans trop de mal. Hélas ! Ici encore je ressentais le vide affectif. Mes parents n'étaient plus de ce monde, et le reste de la famille me tournait le dos.
Un jour, une femme vint me retrouver pour me demander de lui construire une villa. Je propose à l'un de mes assistants de dessiner un plan. Puis je me mets à l'étudier avec lui afin de relever certains détails avant de le signer... La même femme revint le jour même pour me proposer de l'accompagner : Où ? Chez elle...
(À suivre)
Y. H.
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