Dans cet entretien, le responsable de la Snapo pointe du doigt les dysfonctionnements du marché algérien du médicament. Liberté : Actuellement, on constate de nombreuses ruptures de stocks au niveau des officines, on avance même le chiffre de 200 produits en rupture de stocks. Est-ce que vous confirmez ce chiffre ? Menaa Salah Eddine : La liste arrêtée par le Snapo à fin août englobe près de 228 produits en rupture de stocks. On parle de 228 marques. C'est-à-dire le doliprane par exemple contient six marques. Sur les six, trois sont en rupture de stocks. Donc pour le Snapo, il s'agit de 228 marques en rupture de stocks à fin août. Ce sont des chiffres réels. Dans ce lot de médicaments en rupture de stocks, y a-il des médicaments pour le traitement des maladies lourdes ? On ne peut pas ne pas évoquer l'épineux dossier des antidouleurs destinés aux cancéreux. Le dossier a été ouvert par le ministère de la Santé concernant ces antidouleurs destinés aux cancéreux, mais en attend toujours l'élargissement de la vente de ces produits. Il faut savoir que ces médicaments sont soumis à une autorisation préalable pour être commercialisés au niveau des officines. Il y a eu une liste d'officines établie qu'on a dénoncée, parce qu'elle a été arrêtée unilatéralement par le ministère de la Santé. Ils ont choisi au prorata une officine par grande commune. Ce qui est contraire à la réglementation. La pharmacie est un espace de vente de tout médicament. Nous, nous avons dénoncé cette pratique. Cette situation a fait arrêter le processus de libéralisation de la vente des antidouleurs sur le marché public. Par ailleurs, les ruptures de stocks touchent également les antispasmodiques d'urgence. Faites tout le territoire national, vous ne trouverez pas une ampoule de Spasfon. Ce n'est pas normal. Comment se fait-il que des produits fabriqués localement, notamment par Saidal, soient en rupture de stocks ? Saidal est une entreprise qui a des compétences, de l'argent et du personnel. En somme, elle a tous les moyens. Cependant, nous au Snapo, on considère qu'il y a une anarchie à Saidal. Un jour, vous pouvez avoir un produit disponible jusqu'aux surstocks. Après on arrête la chaîne pour démarrer un autres produit, faisant le premier produit aux praticiens eux-mêmes. Par exemple, il y a un médicament demandé par tous les Algériens : le Mycoside. Sa disponibilité est aléatoire. On en trouve un moment puis d'un coup il disparaît pour de longues périodes. Donc Saidal est une entreprise qui nécessite une réorganisation interne. Ce qui veut dire que quand on a une chaîne qui fabrique la forme sèche d'un médicament il faut respecter l'engagement de garantir la disponibilité de ce médicament tout le temps. Le problème de Saidal est un problème organisationnel. Il y a ceux qui imputent cette situation au dérèglement du marché du médicament et plus précisément aux importateurs. Comment voyez-vous cette situation ? Un pays comme l'Algérie qui importe 70% de ses besoins, voire plus, 73%, est un pays à risque. Le problème sur lequel on parle depuis des années est l'agence des médicaments. Malgré un décret datant de 2008, nous attendons toujours cette agence. Cette structure est un outil de régulation du marché. C'est elle qui contrôle le marché. La question qu'on pose aujourd'hui est de savoir quand cette agence va prendre les rênes ? Toute la problématique est là. Dans tous les pays, le médicament dispose d'un organisme qui le régule. Je vous donne un exemple pout comprendre le rôle de l'agence. Nous avons vingt importateurs de la forme sèche. L'agence arrête les besoins et fait signer des engagements à ces importateurs sur des quantités bien précises. Est-ce qui ce passe actuellement ? Il y a un bureau au niveau du ministère de la Santé. Il y a un cahier des charges quelconque au même titre que pour le ciment ou autres produits banals. L'importateur se présente, signe un engagement sur le produit qu'il veut importer et souvent il n'honore pas ces engagements sans qu'il n'y ait de sanctions. Donc, pour mettre fin à ces dysfonctionnement, il faut lancer dans l'immédiat l'agence des médicaments. Le gros des dysfonctionnement, des pénuries et des ruptures de stocks qui caractérise le marché algériens vont disparaître spontanément. Liste des médicaments cités: Voici un échantillon de produits pharmaceutiques indisponibles - Morphine pour calmer les douleurs des cancéreux - Nitroxoline : infections des voies urinaires - Diclofenac injectable : anti-inflammatoire - Metothrexate : anti-inflammatoire - Carbimazole : médicament pour le goître - Gaviscon : traitement symptomatique du reflux gastro-oesophagien - Maalox en sirop - Vitaform : multivitamine en gouttes fabriqué par le groupe pharmaceutique Saidal - Fungizone : solution pour aphtes - Rifamycine : pommade ophtalmique - Medrol en comprimés : corticoïde - Minidril contraceptif - Mercilon contraceptif - Ovestin traite les troubles post-ménopause. - Spasfon injectable : prescrits pour les douleurs - Amoxicilline : antibiotique injectable - Oxacilline : antibiotique injectable - Gentamycine : antibiotique injectable - Kenacort : corticoïde injectable - Diprostene : corticoïde injectable -Celestene Chronodose : corticoïde injectable - Biafine : crème contre les brûlures - Tamsegic : antidouleur prescrits pour les cancéreux - Temodal : comprimé utilisé en chimiothérapie S. 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