Assurément, l'annonce de la nomination au gouvernement de Mohamed El-Ghazi, wali de Annaba, en qualité de ministre auprès du Premier ministre, chargé de la Réforme du service public, a suscité de nombreuses réactions tant le nouveau promu n'est pas un inconnu... Loin s'en faut ! De toutes les wilayas dont il a eu la charge c'est certainement Chlef qui garde le plus de "stigmates" du passage de Mohamed El-Ghazi. Vient tout de suite après Annaba, dont la population est, aujourd'hui, franchement, indignée par sa surprenante promotion. Né le 25 août 1949, Mohamed "El"-Ghazi porte une particule patronymique qui indique son origine des frontières ouest du pays, précisément d'El-Khemis, dans la wilaya de Tlemcen. On le dit proche parent de l'ancien président Ahmed Ben Bella. À l'ex-Coquette qu'il vient de quitter, sans panache, personne ne s'attendait à cette sortie "honorable". Chacun lui prédisait, en effet, un sort aussi peu enviable que celui qu'il a connu à Chlef, en avril 2008, lorsqu'il s'est fait chasser à la suite d'un soulèvement populaire, caché, dit-on, dans une ambulance. Il faut dire que Mohamed El-Ghazi est plus que chanceux, c'est un "miraculé" de l'administration algérienne. Radié, une première fois, du corps des walis en août 1999 par le président Bouteflika, il réussira tout de même à transformer sa radiation en "un congé spécial" à l'issue duquel il a pu revenir aux affaires, le 4 août 2001, à la tête de la wilaya de Chlef. Lors de son "limogeage" en 1999, les services de la Présidence expliquaient pourtant que cette mesure procédait de la volonté de réhabiliter "la rigueur morale et le mérite". On parlait même dans le communiqué officiel de mettre fin à cette occasion à "la dépravation et à la désinvolture". Force est de constater, aujourd'hui, qu'El-Ghazi est "blanchi" de toutes ces accusations... Honni soit qui mal y pense. Même le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a justifié la création de son ministère par la nécessité d'améliorer la relation entre le citoyen et l'administration, voit en lui la personne idéale pour ce poste. Cela dit, il n'est pas sûr que dans certaines wilayas, marquées par ses nombreuses défaillances de gestion, on ne l'entende de cette oreille. Ceux qui l'ont approché savent qu'El-Ghazi ne dispose pas, outre mesure, d'un penchant particulier pour la société civile, un vis-à-vis incontournable de l'administration. Il devra alors développer, tout au moins, de plus grandes capacités d'écoute afin de faire preuve, un tant soit peu, d'empathie avec "les souffrances" vécues par le citoyen. Enfin, pour beaucoup, cette nomination illustre, on ne peut mieux, le mépris et la duplicité infinie du système... "Comment peut-on nommer un bureaucrate pour lutter contre la bureaucratie ?", s'est-on entendu dire. Il n'y a qu'à se rappeler, en effet, le refus de l'ex-wali de Chlef d'appliquer une disposition de la loi de finances 2007 relative à l'octroi d'une aide financière de un million de dinars au profit des victimes du séisme du 10 octobre 1980. De plus, El-Ghazi a la réputation d'être un wali plutôt "procédurier". Mohamed Yacoubi, président de l'Association des comités de quartier en préfabriqués de Chlef, en sait quelque chose, lui qui avait exigé tout simplement l'application d'un texte de loi, voté par l'APN et publié au Journal officiel et qui s'est vu poursuivi en justice. Yacoubi écopera même d'un an de prison avec sursis. Juste ce qu'il faut pour qu'à l'énoncé du verdict la ville de Chlef se transforme en un véritable champ de bataille. Il n'hésitera pas, non plus, à traîner en justice un ex-sénateur et trois députés qui l'accusaient de mauvaise gestion. El-Ghazi est connu, en outre, pour être très friand des médias. Aussi, il est omniprésent sur les ondes des radios des wilayas où il passe. Parfois même trop comme à Chlef lorsque ses déclarations incendiaires ont mis le feu aux poudres. Et si, à Chlef, El-Ghazi a eu face à lui de redoutables gêneurs au point où il a du être évacué, caché dans une ambulance, à Annaba, où l'on ne regrette pas plus son départ, il a eu la partie plutôt facile... Mais, pour certains, ce n'est que partie remise ! M C L Nom Adresse email