Il confirme les changements au sein de la hiérarchie militaire, "explique" le remaniement ministériel, lance la construction d'une nouvelle "alliance présidentielle" et annonce la tenue d'un Conseil des ministres. Promu, cherche-t-il à s'approprier le rôle dévolu jusque-là à Sellal ? Le nouveau patron imposé à la tête du FLN se donne de l'envergure et multiplie ses sorties médiatiques, alors qu'il n'a même pas encore installé le bureau politique de son parti (en a-t-il vraiment besoin ?). C'est le premier à s'être exprimé sur les changements spectaculaires effectués par le président Bouteflika depuis son lieu de convalescence. Non pas pour défendre le parti qu'il préside, et qui a perdu au passage presque tous ses ministères au gouvernement, sauf Tayeb Louh, mais pour défendre les choix du Président. Normal, diront certains, puisqu'il a été imposé à ce poste par le clan présidentiel pour uniquement cette raison. Non pas pour expliquer comment son parti, majoritaire au Parlement, n'a pas été consulté pour la formation du nouveau gouvernement, mais pour saluer cette marginalisation du parti au sein de l'Exécutif. C'est donc Saïdani qui essaye d'expliquer le pourquoi de ces décisions présidentielles et qui va jusqu'à donner ses interprétations quant aux changements opérés au sein du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), après les avoir confirmés "officiellement". Le nouveau patron du FLN n'aurait jamais ouvert la bouche si on ne lui avait pas demandé de le faire. Mais à quels desseins ? Jusque-là, seul le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, était autorisé à le faire. Mais, visiblement, la stature de présidentiable prise par ce dernier aurait dérangé et il fallait trouver un moyen pour freiner son élan. Les visites d'inspection programmées dans différentes wilayas ont été reportées et le Premier ministre se fait de plus en plus discret. Sa dernière déclaration au sujet de l'utilité du Conseil des ministres n'aurait pas été du goût des Bouteflika. Et comme par hasard, c'est Amar Saïdani qui annonce la tenue de ce Conseil des ministres au courant de la semaine prochaine. Aussi bizarre que cela puisse paraître, Saïdani n'est pas membre du gouvernement et n'a pas eu le privilège d'être reçu par le chef de l'Etat. Et ce n'est ni le Premier ministre, encore moins les services de la communication de la Présidence qui annoncent la tenue de ce conseil, le premier depuis huit mois. Amar Saïdani se substitue, donc, aux institutions chargées de la communication officielle. Un rôle qui lui sied à merveille, sachant qu'en cas de bourde, on pourrait toujours dire qu'il s'agirait d'une interprétation personnelle ! Mais lorsqu'on voit un Saïdani mener la nouvelle alliance présidentielle, recevant Amar Ghoul pour jeter les bases de la nouvelle force qui portera les choix du clan présidentiel, l'on se demande si le costume ne serait pas trop grand pour lui. Certes, le Taj d'Amar Ghoul et le MPA d'Amara Benyounès ont affiché la couleur en faveur du quatrième mandat présidentiel, en attendant, bien évidemment, de régler le détail du congrès du RN, pour former le quatuor qui portera à bras-le-corps le nouveau projet présidentiel. C'est Saïdani qui reçoit au siège de son parti ses nouveaux alliés et c'est lui organise le show. Il est vrai qu'il avait déjà présidé les comités de soutien au président Bouteflika, mais là, c'est une autre paire de manches. Cette nouvelle image que l'on voudrait donner du patron imposé à la tête du FLN obéit-elle au souci de le présenter comme une "personnalité politique sérieuse" pouvant parler au nom du clan présidentiel ? Ou c'est tout bonnement un partage de rôles qui consisterait à ne pas trop impliquer le Premier ministre dans la chose politique, le laisser continuer à diriger l'Exécutif et à assurer la paix sociale, alors que la nouvelle alliance dirigée par Amar Saïdani aura la charge de vendre le projet politique des Bouteflika pour l'après-avril 2014 ? Tout est possible. A B Nom Adresse email