Le parti Nida Tounès de Caïd Essebsi compte passer à la vitesse supérieure en maintenant sa logique de pression populaire face à la situation politique qu'il qualifie de "très grave". La situation est telle que même l'entame du dialogue initié par le Quartette risque même de ne jamais être lancée entre les protagonistes dans la mesure où le puissant syndicat, Ugtt, est passé à la logique de protestation contre ce qu'il a appelé "demi-acceptation de la part d'Ennahda de la feuille de route du Quartette". Les réactions au communiqué d'Ennahda font rage et pourront également aggraver le blocage. Cependant, l'on se demande si l'ultimatum de quelques jours donné par le secrétaire général de l'Ugtt fera changer d'avis à Ennahda au pouvoir pour réviser sa position qui prône un dialogue "sans conditions préalables". Rien n'est moins sûr. Face à cet entêtement, le Quartette s'est déjà engagé dans une série de manifestations régionales qu'il compte organiser à partir de cette semaine. Et voilà qu'avant-hier, Caïd Essebsi, leader du parti Nida Tounès et ex-Premier ministre, a tiré à boulets rouges contre Ennahda. Le président de Nida Tounès a, lors de la réunion de son conseil national, accusé le mouvement Ennahda d'avoir refusé l'initiative du Quartette et de s'agripper au pouvoir en dépit de son échec dans la gestion des affaires du pays. Caïd Essebsi a invité le mouvement Ennahda à revoir ses positions et à cesser son double discours ainsi que ses appels à la violence, soulignant qu'Ennahda a encore le temps de sortir de cette situation et éviter l'aggravation de la crise que vit le pays. À ne rien comprendre vu que tout le monde, y compris Nida Tounès, réclame le départ immédiat et sans condition du gouvernement. Bref, Caïd Essebsi a accusé le gouvernement actuel d'être responsable de l'introduction des armes dans le pays et impliqué dans le terrorisme et d'avoir causé des problèmes avec les pays voisins (Libye et l'Algérie) en raison de son laisser-aller et de l'ouverture de la voie du jihad en Syrie aux jeunes Tunisiens et du jihad du sexe (jihad du niqah) aux jeunes filles. De son côté, Lazhar Akremi, porte-parole de Nida, a fait savoir que la situation politique et économique est très grave et le devoir de sauver le pays s'impose dans l'urgence. "La période à venir est celle de la pression populaire, notamment à travers les régions, et ce, en vue de pousser le gouvernement vers le départ, passage obligé pour faire sortir le pays du gouffre", a-t-il déclaré. Beji Caïd Essebsi a souligné que ce changement doit toucher la présidence de la République, indiquant que le maintien de Marzouki à son poste de président de la République, alors qu'il fait partie du pouvoir exécutif, "fera échouer les efforts visant à trouver des consensus pour faire sortir le pays de la crise". Il a insisté sur la nécessité de modifier l'initiative du Quartette sur le dialogue national, et ce, pour englober la révision de la loi régissant les pouvoirs publics afin de garantir l'indépendance du pouvoir exécutif. C'est que Nida Tounès avait manifesté son refus de la participation du président de la République à ce dialogue. Il a précisé que le Front du salut avait accepté la feuille de route du Quartette alors qu'il a renoncé à la dissolution de l'ANC. "Le gouvernement et le président de la République doivent partir", a déclaré Akremi. Et d'ajouter : "De même, il faudra délimiter les tâches de l'Assemblée nationale constituante avec un agenda bien précis, notamment en matière de timing. Il est impératif de mobiliser la société civile, les partis et les forces démocratiques afin d'aboutir à ce changement." I. O. Nom Adresse email